Représentations d'un espace local et construction de parcours scolaires : le passage de l'efficacité symbolique à l'efficacité réelle
Résumé
La communication propose une réflexion sur le processus de construction des inégalités socio-spatiales de
scolarisation. Si la ségrégation scolaire est le thème privilégié depuis les années 1980 pour travailler la
question de l’inscription spatiale des inégalités sociales, nous pouvons regretter que les travaux juxtaposent
l’espace local et l’espace scolaire plus qu’ils n’analysent leurs interactions. Aussi, nous manquons d’un cadre
d’appréhension des « effets de territoire » (Champollion, 2008). Or, pour comprendre et intégrer les effets
inhérents à l’environnement local dans le processus de construction des parcours scolaires, nous devons
étudier les relations entre l’espace local et l’espace scolaire et ce, par une investigation microsociologique de
l’École.
La recherche menée vise à identifier les effets scolaires de l’appropriation d’un espace local par les acteurs
scolaires, les élèves et leurs familles. Cet objectif nous conduit à engager une réflexion sur les liens entre
l’espace local et l’espace scolaire, puis à saisir les effets scolaires de la prise en compte conjointe de l’espace
local institutionnel et vécu. Aussi, nous nous plaçons dans la perspective de définir le local comme un espace
social sous sa double réalité matérielle et idéelle (Di Méo et Buléon, 2005), c’est-à-dire à la fois comme un
espace géographique composé de plusieurs échelles et comme un ensemble de réseaux structurés autour
d’enjeux qui prennent sens localement.
Les données analysées émanent d’une enquête ethnographique menée dans quatre collèges situés en milieu
rural. Les espaces de l’enquête regroupent des binômes de collèges (un public et un privé), chaque binôme
étant implanté dans une même commune. Le travail d’enquête est mené entre juillet 2008 et juillet 2010 et
nous mobilisons trois outils méthodologiques : l’observation, l’entretien semi-directif et le questionnaire.
Nous avons ainsi observé et interrogé par entretien et questionnaire les acteurs et les usagers des
établissements.
Les principaux résultats soulignent d’abord que les stratégies de reproduction de la hiérarchie locale, scolaire
et sociale se développent davantage lorsque l’établissement ne contribue pas à socialiser les élèves et leurs
parents à d’autres ambitions scolaires. C’est ensuite le rôle et le poids des acteurs dans leur rattachement à un
agencement socio-spatial singulier, et surtout leur appropriation ou rejet de cet agencement, que notre
recherche soulève. Les effets scolaires de territoire introduisent au réel, mais aussi à la dimension symbolique,
au creuset des représentations et des normes partagées ou non par les acteurs scolaires et les usagers des
collèges.