L'invocation de l'intérêt supérieur de l'enfant, dans la logique du divorce, serait-elle une conséquence des prétendus « ravages » sur le psychisme de l'enfant, du caractère « sacré » du mariage ? Le prétendu (ou évident) caractère « sacré » du mariage, qui règnerait collectivement en maître dans nos sociétés occidentales, ne saurait être considéré comme l'une des causes du traumatisme de l'enfant dans le divorce de ses parents, au point de devoir mettre au centre son intérêt supérieur, et ce, contrairement à ce que certains avancent. Pour deux raisons. La première, c'est que le mariage est une institution juridique autonome, qui se suffit à elle-même. Nous nous en expliquerons. La seconde, c'est que les règles relatives au divorce, qui véhiculent le même sens que celles relatives à la séparation, constituent elles aussi un bloc de signifiants autonomes, dont le sentiment d'échec personnel (je me suis trompé) et d'échec social (il, elle, ne tient pas ses promesses). De ce sentiment d'échec découle les affres de la culpabilité individuelle, qui fait obstacle à la compréhension du réel, et entraîne des pensées et des actes inappropriés, déplacés, et donc clivants. Nous le verrons, c'est cette incompréhension qui entraînera le caractère traumatique de la séparation ou du divorce en premier lieu pour les parents, et en miroir (mais pas seulement) pour leur(s) enfant(s). Le mariage, institution « sacrée » autonome, cause de tous les maux ? Si le mariage n'est plus dans notre langage courant contemporain « sacré » (certains préfèrent parler de « concept fondamental »), il n'en demeure pas moins une institution qui porte en elle la pulsion de vie. Car le mariage relève de