La Mothe lecteur de Vaugelas : l’ombre du doute
Résumé
Dans l’histoire du bon usage, on ignore souvent les discours discordants. La Mothe le Vayer fut de ceux qui se sont situés dans une opposition frontale aux remarqueurs tels que Vaugelas. En outre, il fut – par ses écrits sceptiques précédant 1647 – celui qui permit à Vaugelas de circonscrire le bon usage à « la plus saine partie de la Cour », ce dernier souhaitant s’affranchir d’une vision trop populaire de l’usage de la langue. En sceptique, La Mothe sème le doute sur les propos de Vaugelas en commentant précisément un certain nombre de ses remarques, et fait du bon usage un discours tyrannique qui ne se fonde que sur le sentiment volatil de certaines catégories mal définies. C’est ainsi que La Mothe jette le discrédit sur les travaux de Vaugelas, notamment en rappelant que manière de dire et vertu sont deux domaines distincts. La leçon de La Mothe est certes importante d’un point de vue historique, mais également d’un point de vue épistémologique, puisque langue/style et morale sont aujourd’hui encore souvent confondus dans les discours.