Lorsque commence la carrière de Jijé, dans la deuxième moitié des années 1930, les mouvements de jeunesse sont en plein essor, tant en Belgique qu’en France. Le scoutisme, en particulier, rencontre un succès considérable, qui trouve des prolongements dans un certain nombre de productions culturelles. La littérature romanesque en est probablement le mode d’expression privilégié, mais elle ne doit pas éclipser les autres moyens de représentation. C’est par l’illustration que Jijé aborde le scoutisme : entre 1941 et 1943, il participe à deux livres de la Fédération des scouts catholiques destinés aux aînés. Plus tard, il réalise une biographie en bande dessinée du fondateur du mouvement scout, Baden-Powell. D’autres initiatives destinées à la jeunesse retiennent également son attention. Ainsi, en 1941, il adapte en bande dessinée la vie de Don Bosco, l’une des grandes figures des patronages paroissiaux. D’une manière plus anecdotique au regard de l’histoire des associations de jeunesse, il assure la publicité des « Amis de Spirou », un club créé autour de l’hebdomadaire des éditions Dupuis. Dans ces œuvres, qui sont parfois des travaux de commande, le dessein de Jijé n’est pas celui d’un propagandiste qui soumettrait son art aux préceptes des institutions qu’il promeut. Il sera donc nécessaire d’observer de quelle manière il intègre les mouvements de jeunesse dans une démarche personnelle : que ce soit dans le domaine des thèmes et des valeurs ou sur le plan de l’esthétique, la représentation de ces mouvements est moins révélatrice de ce qu’ils sont eux-mêmes que des caractéristiques de l’œuvre cohérente d’un auteur singulier.