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Chapitre D'ouvrage Année : 2013

Les études empiriques menées sur les cycles longs depuis le début des années 1980 : quels enseignements ?

Résumé

Depuis la fin du 18ème siècle, le processus de croissance économique qui a rythmé le développement des pays capitalistes n’a été ni stable, ni linéaire. Avec des spécificités nationales certaines, il a été marqué par l’enchaînement de phases d’expansion, de crise, de récession (et/ou de dépression) puis de reprise, selon des temporalités plus ou moins étendues. Prenant acte de cette réalité, les économistes ont été progressivement conduits à s’intéresser à l’étude des conjonctures et à formuler l’hypothèse de l’existence de cycles, hypothèse qu’ils ont cherché à vérifier en mobilisant des techniques mathématiques et statistiques qui, au fil du temps et des avancées réalisées dans le domaine du traitement des séries temporelles, ont enregistré d’importants perfectionnements. Au-delà des cycles courts de 7 à 11 ans (Juglar C., 1862) et de 3 à 5 ans (Kitchin J., 1923), ce sont incontestablement les cycles longs associés au nom de N.D. Kondratiev qui ont suscité le plus de controverses chez les économistes, les historiens et les statisticiens, controverses qui ont porté à la fois sur les schémas théoriques avancés pour en rendre compte et sur les méthodes mises en œuvre pour en démontrer l’existence. Bien que la question des cycles économiques de longue durée fut abordée par N.D Kondratiev dès 1922 dans L’économie mondiale et ses conjonctures avant et après la guerre1, ce n’est qu’au milieu des années trente qu’un résumé de ses travaux fut publié aux Etats-Unis et qu’il donna lieu à d’importants débats. Une première vague de contributions, marquée notamment par les travaux de J.A. Schumpeter, se mit en place dans l’entre-deux-guerres, période au cours de laquelle de nombreuses études furent consacrées aux mouvements de longue durée. Des éléments explicatifs furent recherchés du côté de l’offre de monnaie, de l’offre agricole, de la dynamique innovatrice, des grandes vagues d’investissement et même des guerres, mais aucune approche ne parvint véritablement à s’imposer et à convaincre. Comme celle de Kondratiev, la contribution de Schumpeter se heurtera à de nombreuses critiques (Kuznets S., 1940, Lange O., 1941, Burns A. et Mitchell W.C., 1946). Mises à part quelques rares investigations (Dupriez L.H., 1951, Imbert G., 1959), la recherche sur les cycles longs fut mise en sommeil au cours de la longue phase de croissance consécutive à 1945, mais à partir des années 1970, la crise structurelle dans laquelle sont entrées les économies capitalistes a donné lieu à une nouvelle vague de théorisations émanant essentiellement d’économistes hétérodoxes (marxistes, néo-schumpeteriens, institutionnalistes américains). Parallèlement à ces dernières qui, chacune à leur manière, proposent une grille de lecture de la dynamique du capitalisme et, non moins fondamentalement, une interprétation des épisodes de crise durable qui ont accompagné son développement, de nombreuses recherches empiriques ont été menées sur les conjonctures de longue période. Ont-elles enfin permis de déboucher sur des résultats robustes permettant de conforter l’hypothèse de l’existence de cycles économiques de longue durée ? C’est cette question que l’on se propose d’examiner dans cette contribution. Après avoir souligné que, dès l’origine, la question des cycles longs avait fait l’objet de vives controverses et être revenu sur la sophistication des techniques mobilisées par les chercheurs pour procéder à leur étude (I), on présentera les principaux résultats auxquels ont abouti 18 recherches empiriques qui ont été menées depuis le début des années 1980 pour en tirer des enseignements (II). Cette démarche nous conduira, en amont des conclusions qui se dégagent de ces travaux, à faire retour à un certain nombre de questions de fond qui concernent, la pertinence des techniques mises en œuvre dans le traitement des séries longues et les fenêtres historiques retenues par les chercheurs, la qualité/fiabilité des chroniques qui servent de support aux démonstrations, et la question des prix longs (III). On se demandera en conclusion si la problématique des Kondratiev représente oui ou non une problématique féconde.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02075999 , version 1 (21-03-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02075999 , version 1

Citer

Eric Bosserelle. Les études empiriques menées sur les cycles longs depuis le début des années 1980 : quels enseignements ?. Arnaud Diemer; Daniela Borodak; Sylvie Bozome. Heurs et malheurs du capitalisme, Editions Oeconomia, pp.132-154, 2013, 979-1-0924-9500-3. ⟨hal-02075999⟩
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