Apports de l’anthropologie sociale dans la gestion médicale et prothétique d’un handicap d’apparence : la défiguration
Résumé
La réflexion anthropologique paraît aujourd'hui indispensable à l'activité entreprise par l'ergothérapeute qui cherche à prévenir, réduire ou supprimer les situations de handicap en tenant compte du malade appréhendé nécessairement dans sa globalité (sa personne, ses habitudes de vie, ses croyances et sa culture). Un handicap majeur est celui de la mutilation faciale résultant d'un trauma ou plus généralement d'une chirurgie d'exérèse carcinologique. La défiguration engendre pour le patient un profond bouleversement des champs identitaires nécessitant une prise en charge globale.
Les auteurs, cliniciens spécialistes en prothèse maxillo-faciale, aidés du regard de l'anthropologue et du philosophe, ont souhaité mettre en lumière l'apport indéniable des différentes branches de l'anthropologie dans la gestion médicale et prothétique de leurs patients mutilés (l'anthropologie des savoirs, du corps et de la santé) afin de redessiner les contours de leur discipline médicale, de comprendre les considérations socioculturelles inhérentes à de telles situations cliniques et de mettre en évidence ce qui devrait être aujourd'hui au centre de toutes activités de soin, l'approche centrée sur la personne. Cette démarche pourra aider l'ergothérapeute à s'interroger sur sa propre pratique, à intégrer des concepts philosophiques en anthropologiques dans la mise en place des stratégies de soins et à redéfinir in fine les contours de sa profession au service des malades.