Une activité de pêche ciblée à la Capelière du Ve s. av. n.-è. à l'Antiquité tardive : le témoignage de l'archéo-ichtyofaune
Résumé
Le site de la Capelière, en Camargue, se caractérise par une pêche ciblée tournée principalement vers la recherche d’anguilles de la première occupation du site (Ve s. av. J.-C.) à la dernière (Ve s. ap. J.-C.). De 15 av. J.-C à 50 ap. J.-C. Le spectre d’espèces exploitées s’élargit néanmoins à une dizaine d’espèces moins importantes que l’anguille, mais typiques des espèces consommées par ailleurs sur d’autres sites contemporains de Gaule méridionale. Au Ve s. ap. le spectre se resserre à nouveau autour de l’anguille. La densité de restes d’ichtyofaune retrouvés est remarquablement importante au Ve s. av. J.-C, par rapport à celle de la faune mammalienne. S’il a longtemps été admis qu’en Gaule méridionale la pêche s’inscrivait dans un système de production fondé sur l’agriculture et l’élevage, on peut légitimement, à partir des données archéo-ichtyofauniques de la Capelière, s’interroger sur de possibles spécialisations locales, momentanées ou durables, en matière de pêche. Un rapide regard sur les sources écrites grecques et latines montre que l’anguille a pu jouir d’un statut particulier tant culturel que cultuel dans l’Antiquité. Le profil archéo-ichtyofaunique de la Capelière met alors en lumière un aspect de la pêche encore inconnu pour les périodes protohistoriques des Ve et IVe s. av. J.-C., en Gaule méridionale : celui d’une économie halieutique ciblée vers une espèce dominante, au statut que les textes révèle ambigu.