Sculpteur et peintre avant de renoncer aux arts et de se consacrer exclusivement à l’écriture, Pierre Albert-Birot (1876-1967) n’oublia jamais la matière ni le visible. Des textes sur la peinture aux poèmes faits images, son œuvre littéraire s’est au contraire largement nourrie des arts : l’abandon de la pratique a simplement ouvert la voie à l’écriture du regard. La poésie visuelle est sans doute la pratique qui chez lui unit au plus près le dire, le voir et le faire. Les poèmes de La Lune, le recueil qui rassemble les plus connus et les plus complexes d’entre eux, furent pour la plupart écrits à la main puis peints à l’encre sur de grands papiers, avant d’être composés et imprimés feuille à feuille par le poète. Chefs-d’œuvre typographiques, précurseurs de la poésie concrète, ils ont une valeur exemplaire et offrent un corpus privilégié pour aborder les poèmes visuels de PAB dans leur ensemble.