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Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Parer le défunt pour le grand voyage : étude des vestiges textiles et mobiliers de la nécropole mérovingiennes d'Allonnes

Résumé

De récentes opérations d'archéologie préventive ont conduit à la découverte, dans la commune d'Allonnes (Eure-et-Loir), d'une des plus vastes nécropoles mérovingiennes connues pour le Centre de la France. L'étendue de ce lieu d'inhumation (25 000 m²) et l'effectif des tombes qu'il renferme (évalué à 3000 selon les données du diagnostic), au même titre que le dépôt abondant de mobilier dans les tombes, sont autant de caractéristiques inhabituelles pour cette région. Cette découverte, qui renouvelle de manière considérable les connaissances archéologiques sur les occupations funéraires mérovingiennes euréliennes, a motivé la réalisation d'une fouille dans les zones impactées par un futur aménagement routier. L'intervention a porté sur la frange sud de la nécropole et a permis la mise au jour d'une centaine de sépultures datées entre la seconde moitié du VIe siècle et la fin du VIIIe siècle. L'occupation funéraire se décompose en quatre ensembles distincts, dont l'organisation, la chronologie et la composition en termes d'architectures funéraires ont pu être caractérisées lors de la fouille. L'étude typologique des mobiliers issus des tombes et l'analyse des textiles minéralisés conservés à leur contact ont par ailleurs fourni certaines informations précieuses sur la parure des défunts et, par là même, sur certaines composantes des pratiques funéraires. Le premier des ensembles mis au jour correspond à la partie méridionale d'une vaste aire d'inhumation, dont la constitution remonterait à la seconde moitié du Ve siècle, à en juger certaines découvertes mobilières anciennes. Les 42 tombes mises au jour lors de la fouille, situées à la frange de ce secteur funéraire, sont datées entre la moitié du VIe siècle et le tout début du VIIIe siècle. Elles s'organisent en rangées parallèles et sont limitées par un chemin, qui semble ceindre la nécropole. La majeure partie des défunts ont été inhumés dans des coffrages de bois de grandes dimensions. Des vestiges mobiliers ont été découverts dans 13 sépultures, la plupart du temps en position secondaire du fait des actes de pillages perpétrés sur la plupart des tombes de ce secteur. Ils correspondent dans leur grande majorité à des accessoires et à des parures vestimentaires (perle en pâte de verre, fibules ansées symétriques en alliage cuivreux, garnitures de ceinture composites en fer damasquiné d'argent ou en bronze étamé) datés des phases MR1-MR3, les éléments d'armement n'étant illustrés que par un scramasaxe et par un couteau incomplet. Des vestiges textiles minéralisés ont été mis au jour dans trois tombes, au contact du mobilier vestimentaire. Leur étude a permis de restituer, dans chaque cas, une même séquence de couches de tissus recouvrant les corps (sous-vêtement, vêtements, ceinture en cuir, manteaux ou suaires). Les armures du tissage sont peu sophistiquées et, à l'exclusion d'un élément très fin pouvant refléter une production professionnelle ou importée, ces textiles semblent être de production locale et confectionnés à partir de lin et de laine. En marge de cet ensemble et au-delà du chemin qui le borde, trois ensembles funéraires \guillemotleft satellites \guillemotright de dimensions restreintes ont été identifiés. Deux d'entre eux se situent à quelques mètres seulement, dans un secteur où ont également été mis au jour des vestiges d'habitat contemporains. L'un des groupes se compose de quatre tombes agglomérées, lesquelles n'ont livré ni éléments mobilier ni vestiges textiles. Le second, plus conséquent, se caractérise par une très forte densité de tombes et semble être limité par un enclos quadrangulaire. Les défunts sont inhumés dans de larges coffrages de bois qui, à la différence de ceux identifiés à la marge de la vaste nécropole, ont fait l'objet de multiples réutilisations. Ce secteur d'inhumation se distingue également du premier ensemble par la nature du mobilier découvert, qui se compose majoritairement d'agrafes à double crochet, et par l'indigence des vestiges textiles. Les résultats de plusieurs datations radiocarbones indiquent que ce secteur aurait été utilisé entre la seconde moitié du VIIe siècle et la fin du VIIIe siècle. Le dernier ensemble satellite se situe à une cinquantaine de mètres au sud-est de l'aire sépulcrale principale. Partiellement détruit par des constructions ultérieures, cet ensemble des VIIe-VIIIe siècles a livré 24 sépultures s'organisant selon deux axes perpendiculaires. La typologie des tombes apparait plus variée que dans les autres secteurs, plusieurs sarcophages de plâtre et un sarcophage de pierre cohabitant avec des tombes en coffrage de bois. Les premières semblent occuper préférentiellement l'espace interne d'un enclos funéraire, tandis que les coffrages en matériau périssable s'organisent à sa périphérie. Malgré des pillages fréquents, divers éléments mobilier ont été mis au jour. Ils correspondent principalement, à l'instar de ceux découverts dans le premier ensemble, à des accessoires vestimentaires (garnitures de ceinture et fibules ansées symétriques datées des phases MR1-M3), un scramasaxe et un couteau ayant également été découverts. Trois tombes ont livré des vestiges textiles, lesquels correspondent en tout point à ceux issus du premier ensemble. La présence d'habitats a également été renseignée par la fouille, deux pôles d'occupation ayant été identifiés à proximité immédiate des trois ensembles funéraires précédents. Les éléments les constituant (fonds de cabane, bâtiments sur poteau, fours) ne laissent aucun doute sur le caractère domestique de ces occupations et leur synchronisme avec la nécropole, ce qui conduit à discuter la notion de nécropole de plein champ. Le croisement des différentes données recueillies lors de l'intervention, incluant l'étude typologique des mobiliers et l'analyse des textiles minéralisés conservés à leur contact, permettent de discuter la diversité de l'appareil funéraire et son évolution au cours du temps. La nature des vestiges mobiliers et textiles découverts autorise par ailleurs la formulation de certaines hypothèses sur le statut des individus inhumés. In fine, une approche comparative permet de discuter l'existence de différences de traitement funéraire entre les quatre groupes de tombes identifiés, ce qui fournit par là même certaines clefs d'interprétation quant aux raisons potentielles de la sectorisation de l'espace funéraire.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02005213 , version 1 (03-02-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02005213 , version 1

Citer

François Capron, Delphine Henri, Dominique Canny, Sacha Kacki. Parer le défunt pour le grand voyage : étude des vestiges textiles et mobiliers de la nécropole mérovingiennes d'Allonnes. Communauté des vivants, compagnie des morts - 35\textsuperscripte Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM organisées par Arkéos et l'AFAM à Douai, 9-11 octobre 2014, 2014, Douai, France. ⟨hal-02005213⟩
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