L’indigénat évoque une triste histoire ; d’abord pour les colonisés qui subirent pendant plus d’un demi-siècle les effets de ce régime juridique répressif ; ensuite pour la nation française qui dévoya en colonie ses idéaux démocratiques en refusant de les étendre à ceux qu’elle soumettait. Ce livre offre, pour la première fois, une histoire du régime de l’indigénat sur la longue durée, depuis ses origines les plus lointaines dans l’Algérie de la conquête et au delà dans l’expérience première de l’esclavage jusqu’aux héritages les plus contemporains en Nouvelle-Calédonie. Dans ce pays où le régime joua un rôle déterminant, l’indigénat constitue un pan essentiel du passé pour comprendre la nature et les pratiques de la domination coloniale du point de vue de ceux qui l’exerçaient comme de ceux qui la subissaient. Rendu ici dans toute son épaisseur, Isabelle Merle et Adrian Muckle offrent une réflexion au long cours sur la fabrique de la condition indigène et de l’exception coloniale à travers l’histoire singulière de l’indigénat en Nouvelle-Calédonie dont la mémoire hante encore aujourd’hui les débats les plus contemporains.