Les dynamiques - étapes et frontières - de la radicalisation
Résumé
Si l’emploi de la notion de radicalisation a évolué de façon significative dans les discours politiques et médiatiques, sa signification demeure pourtant floue et teintée d’ambiguïté, obscurcissant plutôt qu’elle n’éclaire pour les uns, ou à l’origine de confusion entre des phénomènes divers pour d’autres. Cette notion pose également certaines difficultés méthodologiques pour les chercheurs, puisqu’il s’agit, afin de « mieux comprendre comment se transforment les manières de penser, de faire, de se regrouper, qui font la radicalisation », de « rendre compte et d’articuler différentes temporalités : celle de la radicalisation en train de se faire, incertaine, chaotique, composite » et celle de la radicalisation effective, c’est-à-dire une « radicalisation rationalisée, homogénéisée, idéologisée et mise en récit » notamment par les acteurs du processus eux-mêmes, ou encore par les chercheurs et politiques (Collovald et Gaïti 2006). Cette étude linguistique se propose de rendre compte de ces « différentes temporalités », en modélisant les dynamiques (on parlera d’étapes et de frontières) qui structurent le processus de radicalisation. On s’appuie pour cela sur des travaux issus des sciences sociales, et notamment de la sociologie des mouvements sociaux d’inspiration interactionniste, dont l’objet est de décrire et de modéliser différentes formes d’engagement et de désengagement radical, et sur le modèle sémantique de la quasi-topologie. L'objectif de cette modélisation est de rendre compte des représentations associées à ces dynamiques, dans un genre de discours particulier : les discours politiques de l’exécutif français produits entre 2013 et 2018.