Verdi et Wagner : dramaturgie comparée dans l’optique de la comédie - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2018

Verdi et Wagner : dramaturgie comparée dans l’optique de la comédie

Résumé

Nés la même année, en 1813, Giuseppe Verdi et Richard Wagner sont généralement considérés aujourd’hui comme les deux compositeurs d’opéra majeurs de la seconde moitié du XIXe siècle, une période marquée dans le genre comique par le déclin de l’"opera buffa", de l’opéra-comique et de la "komische Oper", et par l’essor européen de l’opérette. Privilégiant le genre tragique, les deux compositeurs n’ont composé chacun que deux opéras dans le genre comique, étrangement situés aux extrêmes de leurs carrières, à cinquante-trois ans d’intervalle pour le compositeur italien, à trente-deux ans d’intervalle pour le compositeur allemand. L’objet de notre article consiste en l’étude de la dramaturgie comparée de Verdi et de Wagner dans l’optique de la comédie, une étude centrée sur l’analyse de la faiblesse du genre comique dans leur répertoire. Tandis que Rossini a dédié la moitié de ses opéras au genre comique et que Donizetti y a consacré une part encore importante de son œuvre, Verdi n’a composé que deux de ses vingt-six opéras dans ce genre, tous deux créés au Teatro alla Scala de Milan : "Un giorno di regno", son deuxième opéra créé le 5 septembre 1840, et "Falstaff", son dernier opéra créé le 9 février 1893. Pour le premier opéra, Verdi s’est assuré la collaboration de Felice Romani, le plus important librettiste italien de la première moitié du XIXe siècle, collaborateur de Rossini, Bellini et Donizetti dans une quinzaine d’opéras et auteur des livrets d’"Il Turco in Italia" et de "L’elisir d’amore". Le livret de l’opéra de Verdi présente deux basses bouffes, le baron de Kelbar et le seigneur Della Rocca, trésorier des États de Bretagne, dont les duos constituent les scènes comiques les plus saillantes de l’œuvre. Cependant, la création d’"Un giorno di regno" est un tel fiasco que l’opéra n’est pas représenté une seconde fois. Cet échec est sans doute l’une des raisons pour lesquelles Verdi s’est éloigné du genre de l’"opera buffa" pendant plus d’un demi-siècle avant d’y revenir avec "Falstaff", et d’apporter, avec Arrigo Boito, son librettiste pour la deuxième version de "Simon Boccanegra" et pour "Otello", une œuvre inattendue et innovante au répertoire comique italien. S’il ne s’agit pas du premier opéra composé de sa main, l’œuvre de jeunesse intitulée "Das Liebesverbot", "groβe komische Oper" en deux actes créée le 29 mars 1836 à Magdebourg, est le premier opéra de Wagner à être représenté sur scène et le seul à être explicitement dédié au genre comique. En effet, le compositeur allemand délaissera ensuite ce genre durant l’essentiel de sa carrière. Le catalogue des œuvres de Richard Wagner mentionne cependant une "komische Oper" inachevée, intitulée "Männerlist grösser als Frauenlist oder Die glückliche Bärenfamilie" (WWV 48) et écrite entre 1837 et 1838, ainsi que deux comédies écrites en 1868 et 1870. Créé le 21 juin 1868 au Nationaltheater de Munich, "Die Meistersinger von Nürnberg" reste le seul des opéras majeurs de Wagner à présenter des éléments comiques importants, même s’il ne porte pas officiellement le titre de "komische Oper", notamment à travers le personnage de Beckmesser. Wagner rédige les premières esquisses de l’opéra en 1845 lors d’une cure à Marienbad. Sa première intention est de créer un pendant joyeux à la fin tragique de "Tannhäuser" à travers une pièce satyrique. Dans notre article, l’analyse des éléments comiques des opéras mentionnés ci-dessus est présentée de manière contextualisée en prenant comme point de comparaison les "opere buffe" de Rossini et Donizetti, ainsi que les "komische Opern" d’Albert Lortzing, Friedrich von Flotow, Otto Nicolai et Peter Cornelius. Les conceptions du répertoire comique des deux compositeurs sont évoquées à travers leurs écrits et leurs correspondances, notamment à partir de l’ouvrage "I Copialettere di Giuseppe Verdi" , édité à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur, et de l’édition monumentale en CD-Rom des œuvres, des écrits et de la correspondance de Wagner sous la direction de Sven Friedrich qui permet au lecteur d’effectuer des recherches rapides et précises à partir de mots-clés dans l’ensemble des textes rédigés par le compositeur allemand. Cette étude rejoint directement nos propres recherches doctorales sur la circulation européenne du comique à travers la diffusion des "opere buffe", des "komische Opern" et des opéras-comiques en France, en Allemagne et en Italie dans la première moitié du XIXe siècle.
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Dates et versions

hal-01933719 , version 1 (23-11-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01933719 , version 1

Citer

Matthieu Cailliez. Verdi et Wagner : dramaturgie comparée dans l’optique de la comédie. Jean-François Candoni (dir.); Hervé Lacombe (dir.); Timothée Picard (dir.); Giovanna Sparacello (dir.). Verdi/Wagner : images croisées 1813-2013. Musique, histoire, histoire des idées, littérature et arts, Presses Universitaires de Rennes, p. 45-55, 2018, Le Spectaculaire, 978-2-7535-5522-8. ⟨hal-01933719⟩

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