Acculturation sportive d’une génération dans les années soixante - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Sporting acculturation of a generation in the sixties

Acculturation sportive d’une génération dans les années soixante

Résumé

The concept of generation can be defined by three parameters: the situation, characterizing the contextual forces of the social field; cohesion, meaning to be aware of belonging to his generation; the generation unity that can be linked to the historically dated event. Under this framework, in France, the generation of baby boomers appears atypical in the early sixties (Sirinelli, 2003). The economic postwar boom and the rise of a shared media culture are events which mark this "new social group". Consumption of cultural goods, such as cinema, music and sport for our purposes, are the markers of a youth rooted in a society that offers new horizons (Sohn, 2001). Consumption becomes a source of independence but also breaks with previous generations. This potential generational conflict can be illustrated by the contrasting relationships between this generation and sport policy actors at this time. The Gaullist policies for greatness of France pass, inter alia, by a sports school education based on a pyramidal system with a mass sporting base (Martin, 2004). In this context, champion and high level sport become the iconic illustrations of advanced values. The sporting citizen becomes allegorically the one who fights to succeed in a society that rewards his efforts by a tangible improvement of his status (Attali & Saint Martin, 2004).
Connecting these different definitions and contexts, our assumptions are articulated around a conflict and / or a clash of generations, highlighting a potential mismatch between juvenile sports desires and institutional and social realities. Youth culture, through its specific vectors (press, radio), conveys particular values and practises that can cohabitate or not with the school sports culture initiated by the elders. "Third Culture", youth culture then disrupts or competes against these initiatives (Morin, 1962). From this, we can consider doing the history of this conflict or competitive relationship between these two cultures. For example, the school docimology, holding performance as an indicator of progress, must be questioned (Fortune, 2012).
If this problem is not new, no work in the field of EPS has compelled to make an object of research self (Lemonnier, 2010). Thus, this approach nuances the historical perspective on school physical education put forward until then. Indeed, when the history of physical education is written, it is especially the one of institutional actors, syndicates, teachers, but less that of the students. Our study is based on two types of corpus; one analyses 2,600 files of Missoffe 1966 survey, where direct speech of school youth is considerable; the other, linked to the cultural history, analyses youth press of the sixties. Our results cross the generational aspects of the actors of physical education and sports (politics, teachers, students) and the aims, objectives and values they are projecting in. In this logic, when adults organize physical education at school, they do it basing on values that can break with those worn by the baby boomers.
Le concept de génération peut être défini autour de trois paramètres : la situation, caractérisant les forces contextuelles du champ social ; la cohésion, déterminant la conscience d’appartenir à sa génération ; l’unité de génération que l’on peut ramener à la notion d’évènement daté historiquement. Selon ce cadre, la génération des baby-boomers recouvre une certaine atypie en France à l’orée des années soixante (Sirinelli, 2003). Le contexte économique des Trente Glorieuses, dans une France métropolitaine pacifiée, et la montée indéniable d’une culture médiatique partagée sont des évènements marquant ce « nouveau groupe » social. La consommation de biens culturels, tels le cinéma, la musique et pour notre propos le sport, sont les « signes extérieurs » d’une jeunesse ancrée dans une société qui lui offre de nouveaux horizons (Sohn, 2001). La consommation devient une source d’indépendance mais également de rupture avec les générations précédentes. Ce conflit générationnel potentiel est perceptible dans les rapports contrastés qu’entretient cette génération avec les politiques sportives des acteurs du moment. Les politiques gaulliennes de grandeur de la France passent, notamment, par une éducation scolaire sportive afin d’asseoir une élite sur une masse « sportivisée » (Martin, 2004). Le champion et le sport de haute compétition sont les illustrations emblématiques des valeurs avancées. Le citoyen sportif devient, de façon allégorique, celui qui se bat pour réussir dans une société qui récompense ses efforts par une amélioration tangible de son statut (Attali & Saint Martin, 2004).
Reliant ces différentes définitions et contextes, nos hypothèses sont articulées autour d’un conflit et/ou d’un choc des générations, mettant en avant un potentiel décalage entre les désirs juvéniles de sport et les réalités institutionnelles et sociales. La culture des jeunes, par exemple, à travers des vecteurs spécifiques (presse, radio), véhicule des valeurs et des pratiques propres à la jeunesse, préjudiciables ou non à une cohabitation avec la culture sportive scolaire initiée par les aînés. « Tierce culture », la culture des jeunes perturbe ou concurrence alors ces initiatives (Morin, 1962). Partant de cela, on peut envisager faire l’histoire de ce rapport conflictuel ou concurrentiel entre ces deux cultures. Par exemple, la docimologie scolaire, retenant principalement la performance comme indicateur de progrès, est à questionner (Fortune, 2012).
Si cette problématique n’est pas nouvelle, aucun travail dans le champ de l’EPS ne s’est astreint à en faire un objet de recherche en soi (Lemonnier, 2010). Ainsi, cette approche nuance le regard historique sur l’objet éducation physique scolaire mis en avant jusqu’à lors. En effet, lorsque l’histoire de l’EPS est écrite, elle est surtout celle des acteurs institutionnels, syndicaux, enseignants, mais moins celle des élèves. Notre étude est basée sur deux types de corpus ; l’un exploite les 2600 dossiers de la grande enquête Missoffe de 1966, où la parole directe de jeunes scolarisés foisonne ; l’autre, attachée à l’histoire culturelle, convoque la presse magazine de la jeunesse, pléthorique durant ces années soixante. Nos résultats mettent en tension les aspects générationnels des acteurs de l’éducation physique et sportive, qu’ils soient politiques, enseignants ou élèves, et les finalités, les objectifs et les valeurs que chacun d’entre eux y projette. Dans cette logique, lorsque les adultes organisent l’EPS, ils le font selon des valeurs pouvant rompre avec celles portées par les enfants du baby-boom.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01931783 , version 1 (23-11-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01931783 , version 1

Citer

Yohann Fortune, Jean-Marc Lemonnier. Acculturation sportive d’une génération dans les années soixante. XXII ème Congrès du CISH (XXII Congress of ISCH), Comité International des Sciences Historiques, Aug 2015, Jinan, Chine. ⟨hal-01931783⟩
47 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More