La résilience organisationnelle permet d’affronter l’adversité, de rebondir et d’apprendre de l’expérience. C’est un construit complexe, impliquant des interactions entre les individus, l’organisation et son environnement. Elle s’inscrit dans le temps et agit sur la pérennité des organisations. Les facteurs de résilience identifiés dans la littérature sont multiples, concernant souvent des forces opposées à concilier : approches défensive / proactive (Bégin et Chabaud, 2010), perte / gain de sens (Christianson, Farkas, Sutcliffe et Weick, 2009), affronter menaces / saisir opportunités (Hollnagel, 2014), objectivité / créativité (Coutu, 2002), efficience opérationnelle / renouvellement perpétuel (Hamel et Valikangas, 2003), etc. Normandin et Therrien (2016) suggèrent une réconciliation des facteurs de résilience en proposant une lecture à travers la dynamique de l’ordre et du désordre des systèmes complexes et défendent que la résilience émerge de l’ordre et du désordre favorables (créant de la conformité et de la diversité dans le système), alors que la vulnérabilité résulte de l’ordre et du désordre défavorables. En prenant appui sur la théorie de la complexité et sur les travaux de Normandin et Therrien nous proposons l’introduction du concept d’ambidextrie élargie, en référence au besoin de maitriser simultanément les facteurs d’ordre et de désordre favorables à l’émergence de la résilience. Ce concept au périmètre plus large que celui de l’ambidextrie organisationnelle (Tushman et O’Reilly, 1996) pourrait notamment contribuer à une meilleure analyse des facteurs de résilience et fournir un cadre conceptuel pour la construction d’échelles de mesure de la capacité de résilience en intégrant les complémentarités et interdépendances entre les facteurs.