La construction d’un discours sur les origines se sert souvent du mythe afin d’ancrer la naissance d’un groupe ethnique ou d’une ville dans un passé lointain et en justifier ainsi l’antériorité dans l’occupation du sol par rapport aux ennemis. En vertu de sa malléabilité, un même mythe peut être en outre reformulé pour se faire porteur de nouveaux messages. L’un des exemples les plus emblématiques de ce phénomène est offert par le mythe de Mélanippé, connu surtout par deux tragédies perdues d’Euripide. Cette contribution, après avoir retracé la genèse béotienne de la légende, s’interroge sur les raisons de l’insertion du personnage de Métapontos, éponyme de la colonie achéenne, et sur l’utilisation du mythe dans le contexte de la rivalité entre Métaponte et Tarente. Sa seule représentation iconographique, sur un cratère apulien attribué au Peintre des Enfers (330-320 av. J.-C.), illustre finalement la célébration des anciennes origines de Métaponte lors de l’expédition d’Alexandre le Molosse.