La maladie comme paradigme : maladies emblématiques et maladies modèles
Résumé
La maladie est d'abord pur fait de nature : il y va d'une agression contre l'organisme, dont l'horizon, toujours possible, est sa dissolution. Mais la maladie est également fait de culture : d'une part, elle s'inscrit dans des représentations qui lui préexistent ; d'autre part, elle en produit de neuves. Ces dernières sont de deux ordres : ou bien des images, des appréhensions, des croyances, des formes discursives, à travers lesquelles la maladie contribue à faire qu'une société se donne d'elle-même une certaine notion (on les nommera « emblèmes ») ; ou bien des représentations de type scientifique (on les appelle « modèles »). Une maladie, susceptible des modèles, est-elle nécessairement source d'emblèmes ? Une maladie fabriquant des images socialement fortes et ayant une importance économique considérable peut-elle n'avoir aucune efficace théorique ou thérapeutique ? Une maladie peut-elle être matrice emblématique, et n'avoir pourtant qu'un faible impact économique ?