Les technologies numériques participent à la transformation et à la diversification des formes d’accès accordées aux données de notre époque. Toutefois, malgré leur nouveauté et leur potentiel disruptif, leurs interfaces ne s’inscrivent pas nécessairement en rupture avec les objets techniques issus d’époques antérieures. Elles sont construites sur des métaphores qui rappellent l’apparence et le fonctionnement des objets qui les ont précédées. Outre le fait de permettre à des appareils de prendre place dans nos vies sous des formes rassurantes, au moins en partie apprivoisées, ce mimétisme a pour principale fonction de simplifier l’utilisation d’appareils numériques en ne demandant pas à leurs usagers d’acquérir de connaissances particulières quant à leur maniement. Il a aussi pour effet de créer de la surprise et de l’émerveillement en dotant des objets du quotidien de nouvelles fonctionnalités sans que leur apparence ne change radicalement. Cette magie n’appartient pas au monde de la prestidigitation. Elle représente toutefois un moyen de produire des effets merveilleux à l’aide de stratégies visant à occulter des mécanismes et à rendre invisibles, voire inopérantes des chaines causales. De telles stratégies sont aujourd’hui couramment employées non seulement par des designers, mais aussi par des artistes pour susciter de l’émerveillement. Les technologies numériques sont en effet employées dans le champ des arts pour créer des illusions qui accordent de nouvelles fonctions aux objets auxquels nous sommes culturellement accoutumés en les équipant de nouveaux capteurs et actionneurs. Notre communication vise à faire état des tactiques qu’emploient les artistes pour créer des dispositifs artistiques qui génèrent de telles illusions. Il s’agira d’interroger les formes de visibilité accordées aux technologies numériques dans le champ des arts et de préciser comment celles-ci peuvent influer sur la lecture et la perception d’objets auxquels ont été attribués des comportements.