L'UNESCO se dote en 1947 d'un service d'archives historiques et en 1949 d'un registry. Le registry contrôle le courrier, constitue un dossier par affaire et l'enregistre dans un plan de classement fondé sur la classification décimale universelle (CDU). Le service des archives gère les fonds d'organismes disparus. Il collecte les archives définitives. Il est service de référence pour les documents dactylographiés. De cette répartition des rôles naissent des difficultés. Certaines unités constituent des dossiers officieux mieux alimentés que les officiels. D'autres s'affranchissent complètement de l'autorité du registry. Ainsi la centralisation complète au registry est trompeuse. De plus, elle pose la question du respect des fonds mis à mal par l'usage de la CDU et des fusions de dossiers. Les choix fonctionnels opérés - séparation entre records management et archives management, mode d'organisation documentaire - n'ont pourtant pas été faits par hasard et peuvent être mis en relation avec ceux d'autres organismes internationaux. L'originalité de l'UNESCO réside dans la précocité de la gestion des archives historiques mais aussi dans des moyens conséquents et le recours à la CDU. L'institution souhaite, au-delà de la problématique de son bon fonctionnement administratif, préserver son histoire. Les archivistes français, grâce à l'action du Conseil international des archives, apprennent à connaître les pratiques de l'UNESCO et l'usage de la CDU, dans un contexte de crise de la profession. La question de l'utilisation de la CDU dans le classement des archives est à l'ordre du jour au niveau européen et le militantisme pro-CDU de l'archiviste de l'UNESCO est perçu comme une attaque contre le mode d'organisation des archives françaises. La profession se voit contrainte de réfléchir à ses méthodes de classement, ce qu'elle fait. Ce qui est en jeu en France avec cette question, ce n'est pas seulement l'organisation des dossiers actifs, mais l'élargissement du métier d'archiviste traditionnellement absorbé par les archives définitives et son immersion dans les archives administratives.