Le triptyque qui, dans Perceforest, court des livres IV à VI autour de Lisane (l’héroïne du Conte de la Rose que les livres IV et V racontent successivement en vers et en prose), est une construction savante qui ne prend tout son sens que dans la dernière partie, bien que la cohérence intertextuelle, avec les figures de Lisenne et Lisart soit assurée dès le premier livre. Bâtissant sa conjointure et sa senefiance sur les noms propres, l’auteur, à partir du mot Lis invente un ancêtre au lignage de Lis du Conte du Graal et de la deuxième Continuation, l’associe au lisart (au lézard) et au combat folklorique du serpent et du cerf, ainsi qu’à la rivalité symbolique du glaïeul et de la rose. L’intertextualité, puissante, prend en charge la seconde Continuation en même temps que le Lancelot en prose, dont il préfigure le Val sans Retour. Ce jeu, loin d’être gratuit, me paraît travailler à construire une géographie à la fois arthurienne et bourguignonne et à proposer, discrètement, une lecture chrétienne, en faisant de Lisane, l’héroïne préchrétienne, une préfiguration virginale, avec une efficacité que ne renierait pas l’auteur de l’Ovide Moralisé.