Perceforest est un roman arthurien conservé dans une version datée du XVe siècle. Fondé sur le projet de raconter la « préhistoire » du monde arthurien tel qu’il apparaît en particulier dans le cycle Vulgate et d’établir une continuité entre Alexandre le Grand, supposé avoir conquis l’Angleterre, et Arthur, ce roman se présente comme une chronique racontant l’histoire heurtée de la Bretagne et insistant sur le processus de civilisation et de christianisation, à la croisée entre monde antique et monde arthurien, entre paganisme antique, folklorisme breton et christianisme naissant. Perceforest permet de saisir comment un auteur de la fin du Moyen Âge imaginait son monde comme résultant de la rencontre entre diverses cultures. Cette représentation, fondée sur la notion de translatio et sur la conversion, est au service d’un projet littéraire qui permet de renouveler le modèle arthurien, usé et qui, me semble-t-il, se met au service des intérêts bourguignons.