La résilience à l’épreuve du local : la gestion du risque redéfinie par les habitants de Barrio Luján, Costa Rica
Résumé
Despite its polysemy, the concept of resilience has been used in the past ten years in the risk management area, on an international and national scale. This concept has thus been incorporated in public policies regarding risk management in Costa Rica, particularly to engage the local scale of risk and reinforce inhabitant’s capabilities to face risk hazards by creating stakeholder’s emergency committees. Based on the results of a fieldwork in a workshop for dwellers of a neighborhood exposed to flood risk in San Jose, this paper interrogates the ambivalence of the concept of resilience as it is defined by sociopolitical devices of risk reduction in Costa Rica. The article demonstrates that the resilience frame of action, conceived by the city managers to reinforce inhabitants’ response capabilities in case of an emergency, paves the way for its own plot twist. Dwellers make local committee space their own and widen the search for their own vulnerability causes, only to question municipal risk management process.
Polysémique, le concept de résilience est mobilisé depuis une dizaine d’années dans le domaine de la gestion du risque, à l’échelle internationale et nationale. Ainsi, le concept est incorporé dans les politiques publiques de gestion du risque au Costa Rica pour aborder l’échelle locale du risque et renforcer la capacité de réponse des habitants face aux événements. Des Comités de riverains de gestion de l’urgence sont ainsi créés. À partir des résultats d’un travail d’observation et d’entretiens réalisé dans le cadre d’une formation pour les habitants dans un quartier de San José exposé au risque d’inondation, l’objectif de cet article est d’interroger l’ambivalence du concept de résilience tel que défini par le cadre des dispositifs socio-politiques de gestion de crise au Costa Rica. Nous montrons que le cadre de la résilience, pensé par les gestionnaires pour consolider la capacité de réponse des habitants en cas de crise, ouvre la voie à son propre débordement. Les riverains se réapproprient l’espace du comité créé et s’efforcent de pluraliser les causes de leur vulnérabilité pour remettre en cause la gestion du risque assurée par la municipalité.