La ménopause fait l'objet de recherches ethnologiques seulement depuis les années 90-2000, malgré les esquisses prometteuses de Georges Devreux (1950). Elle est souvent considérée, sans que les auteurs ne puissent vraiment le prouver en l'absence de données empiriques, comme le marqueur du passage du statut de femme à celui de vieille femme. Ainsi, Françoise Héritier (1996 : 225) suggère que la ménopause est « l'âge où tout bascule » tout en remarquant qu'il existe peu de matériau sur le thème. Dans la logique de l'auteur de Masculin/féminin, pour qui la domination masculine repose sur le pouvoir extraordinaire des femmes de procréer des enfants de l'autre sexe, la femme définitivement inféconde perd son statut de femme véritable pour se rapprocher de celui d'homme. Cette interprétation ouvre un débat sur la place de la ménopause dans la définition des âges des femmes, sur le processus de vieillissement féminin et sur la fin de la procréation et de la sexualité. L'élément initial du débat est d'ordre épistémologique. Reprenant les assertions de Nicole-Claude Mathieu (1991), on peut arguer que définir la ménopause comme le déterminant d'un passage social concourt à naturalisation de l'existence féminine. Je prends donc le biais inverse en m'interrogeant sur les facteurs sociaux qui contribuent à la définition de l'âge de « vieille femme » et à l'arrêt de la fécondité. Il s'agit de questionner le rôle de la ménopause en tant que phénomène biologique dans cette phase de la vie des femmes. J'ai appliqué cette problématique aux femmes françaises âgées de 42 à 62 ans (Vinel, 2004), mais je souhaite ici la reprendre à partir d'un enquête ethnographique portant sur les femmes moose du Burkina Faso, tout en visant une approche plus générale de la ménopause, via un comparatisme raisonné.