En analyse conversationnelle, suite à une offre ou à une proposition, le refus (versus acceptation) représente l’une des réalisations attendues de la deuxième partie de paire adjacente (Schegloff 2007). Ce type d’action réactive est considéré comme non préféré. Des indices séquentiels spécifiques sont mobilisés par les offreurs afin d’obtenir une réponse préférée (c’est-à-dire une acceptation), et d’éviter ainsi de recevoir un refus (Davidson 1984,1990). Récemment, l’analyse multimodale a apporté de nouveaux éléments à l’étude des séquences offre – acceptation/refus. Par exemple, en s’appuyant sur des données audiovisuelles d’interactions en anglais et en finnois, Kärkkäinen & Keisanen (2012) montrent une structuration locale récurrente des offres d’objets : l’offre est réalisée en deux temps. D’abord, l’objet de l’offre est identifié comme référent, ensuite, l’offre proprement dite est accomplie, ces deux étapes pouvant être produites par le biais de ressources verbales ou gestuelles. Dans cette contribution, nous allons étudier des séquences d’offres lors d’interactions entre locuteurs francophones, en particulier pendant des repas et des apéritifs entre ami(e)s. Notre intérêt sera focalisé sur la réalisation du refus suite à une offre initiale. Le destinataire de l’offre formule son refus en deuxième position, par le biais de marques linguistiques de négation et ressources multimodales variées (gestes manuels, secouements de tête, mimiques faciales). En l’absence de réponses verbales, ces dernières jouent un rôle primordial pour annoncer ou exprimer un refus local, et elles peuvent déclencher des cycles d’insistance (cf. Traverso & Ursi 2015) : l’offreur réitère son offre plusieurs fois, afin d’obtenir une réponse préférée. En revanche, en présence de réponses verbales, les ressources multimodales peuvent accompagner, et même précéder l’expression verbale du refus, comme dans les cas de secouements de tête. La prise en compte de la multimodalité permet donc d’éclairer l’articulation séquentielle des séquences d’offres et de spécifier la temporalité des réalisations réactives.