Le corps saisi de l’intérieur : de Cl. Bernard au Voyage fantastique de R. Fleischer
Résumé
Le corps a suscité de multiples déclinaisons théoriques, de l'anatomie vésalienne au corps propre de H. Wallon ou M. Merleau-Ponty, ou de l'image du corps de P. Schilder au Moi-peau de D. Anzieu. Il en est toutefois une, singulière, qui émerge dans les années 1860 avec la théorie du « milieu intérieur » de Claude Bernard, oxymore qui ne commença à devenir un paradigme scientifique que vingt ans plus tard. En fait, à bien des égards, la science-fiction accompagna son acceptation. On peut songer ici à certains textes de Maurice Renard plongeant dans l'intériorité des corps sur le mode de la contemplation, et surtout au Voyage fantastique de Richard Fleischer (1966) qui familiarisa ce changement radical du regard : d'un corps opaque à un corps aquarium, avec une visée médicale. Plus récemment, La musique du sang (1985) de Greg Bear a montré un nouveau franchissement de seuil, où l'intérieur du corps n'est plus un paysage, mais un tissus de métamorphoses, entre monde réel et monde onirique.