Les pierres dressées de Corse : témoins privilégiés de l’évolution culturelle des sociétés préhistoriques et protohistoriques dans l’espace et le temps
Résumé
During the past century, the phenomenon of Corsican standing stones has been the subject of numerous studies and
has produced many results. It was primarily the operations led by Roger Grosjean that made possible the first proposed
chronological attributions for the megalithic monuments and the initial hypothesis for the chrono-cultural development of
prehistoric and protohistoric settlements on the island. In the last two decades, this knowledge has been amply clarified
through several fieldwork projects, including those of André D’Anna, Pascal Tramoni and Franck Leandri and Christophe
Gilabert. The absolute dating of several phases of this phenomenon, especially at i Stantari and Renaghju on the Cauria
plateau, has allowed the proposal of new local chrono-cultural sequences for the megalithism of the island. The periodic
linking of the development of Corsican megalithism with the cultural evolution of human settlements has led to new
hypotheses regarding the links between technical and cultural changes in prehistoric and protohistoric societies and the
roles and meanings of standing stones. While the number of monuments dated in absolute chronology is limited and is not
yet geographically representative, the data now acquired by archaeological research are sufficient to propose a chronocultural
paradigm on the scale of the whole island. Insular territorial aspects of standing stone monuments have been
analysed in relation to data from other site types (settlements, burials).
Au cours du siècle passé, le phénomène des pierres dressées de la Corse a été le sujet de travaux qui portèrent de
nombreux résultats. Ce sont majoritairement les opérations menées par Roger Grosjean qui permirent de proposer les
premières attributions chronologiques des monuments mégalithiques et les premières hypothèses d’évolution chronoculturelle
du peuplement préhistorique et protohistorique de l’île. Durant les deux dernières décennies, ces connaissances
ont été amplement précisées grâce à plusieurs travaux de terrain, dont ceux d’André D’Anna, de Pascal Tramoni et
de Franck Leandri et Christophe Gilabert. La datation absolue de plusieurs phases de ce phénomène, notamment à i
Stantari et à Renaghju sur le plateau de Cauria, a permis de proposer de nouvelles séquences chrono-culturelles locales
du mégalithisme insulaire. La mise en relation ponctuelle des rythmes évolutifs du mégalithisme corse avec l’évolution
culturelle des peuplements a suscité de nouvelles hypothèses sur les liens qui unissent les changements techniques et
culturels des sociétés préhistoriques et protohistoriques et les rôles et significations des monuments de pierres dressées.
Bien que le nombre de monuments datés en chronologie absolue reste limité et ne soit pas encore géographiquement
représentatif, les données aujourd’hui acquises par la recherche archéologique sont cependant suffisantes pour proposer
un paradigme chrono-culturel à l’échelle de toute l’île. Les aspects territoriaux insulaires des sites à pierres dressées ont
donc été analysés par rapport aux données concernant les autres types de sites (habitats, sépultures).