Fantômes, revenants et ombres portées : pour un « réalisme fantaisiste », Balzac, fantastique fantaisiste ?, L’Année balzacienne, n°13, Paris, PUF, 2012, p. 161-180. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue L'Année balzacienne Année : 2012

Fantômes, revenants et ombres portées : pour un « réalisme fantaisiste », Balzac, fantastique fantaisiste ?, L’Année balzacienne, n°13, Paris, PUF, 2012, p. 161-180.

Dominique Massonnaud

Résumé

Les travaux réunis dans ce volume sont placés sous l'image de la lanterne magique, de la lanterne vive, comme l'indique Nathalie Preiss dans ses analyses de l'esthétique des Fantaisies, lorsqu'elles sont rubriques de presse et constituent des « mythologies du XIXe siècle ». Alors que Baudelaire fait de Balzac « l'homme [...] aux entreprises hyperboliques et fantasmagoriques dont il oublie toujours d'allumer la lanterne », il s'agit ici de travailler la notion de fantaisie balzacienne, non seulement dans son rapport avec une optique d'ordre fantastique-remarquablement étudiée par Max Milner -qui déplace les rapports entre vérité et fiction mais aussi dans ses liens avec un régime visuel singulier qui paraît s'installer de façon large dans les années 1820-1840. Il engage, me semble-t-il, les principes de la représentation à l'oeuvre dans l'écriture de Balzac. On sait que le motif de l'ombre portée est donné dans la tradition antique comme l'une des origines de la peinture : « [Dibutade] était amoureuse d'un jeune homme ; celui-ci partant pour l'étranger, elle entoura d'une ligne l'ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d'une lanterne », selon l'anecdote rapportée par Pline. La représentation naîtrait ainsi de la trace d'une présence, dans un geste qui inscrit sur le mur peint la figure, ouvrant ainsi la possibilité concrète d'une forme autre de présence, une présence d'absence, liée à la mémoire du vivant. Lorsque Diderot développe ses analyses dans les Essais sur la peinture (1765) comme dans les Salons, il donne une place renouvelée à cette anecdote ancienne. Alors qu’il privilégie l’« expression » - selon un principe repris dans la formule célèbre énoncé par le personnage de Frenhofer - « La mission de l’art n’est pas de copier la nature mais de l’exprimer » - il la définit comme « l’art de susciter les fantômes, de les animer, de les agrandir ». L’expression est alors liée à l’exigence d’une « imagination forte, une verve brûlante » qui serait en quelque sorte « tempérée » par « l’ordonnance » sans laquelle l’artiste serait « extravagant ». La fantaisie relèverait ainsi de cette composante du génie : liée à « la verve », la « chaleur », l’ivresse » qui doivent être pondérées par un « tempérament » faisant place à la « raison » dans une « balance rigoureuse » selon les termes de Diderot.

Dates et versions

hal-01756653 , version 1 (02-04-2018)

Identifiants

Citer

Dominique Massonnaud. Fantômes, revenants et ombres portées : pour un « réalisme fantaisiste », Balzac, fantastique fantaisiste ?, L’Année balzacienne, n°13, Paris, PUF, 2012, p. 161-180. . L'Année balzacienne, 2012, 13 (1), ⟨10.3917/balz.013.0161⟩. ⟨hal-01756653⟩
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