Laurence Paire-Ficout ( IFSTTAR Lyon) « Quelles difficultés les personnes sourdes rencontrent-elles dans les transports ; Approche psycho-ergonomique » Le déplacement des personnes sourdes ou malentendantes est un sujet qui concerne tout le monde... puisqu'il englobe aussi les déplacements des personnes âgées. Les outils doivent répondre aux besoins ; c'est le principe de la « conception participative » ; on étudie et on élabore des solutions avec l'utilisateur. On va envisager trois exemples de recherches dans lesquelles les personnes sourdes sont susceptibles de rencontrer des difficultés : dans les gares (Surdyn), accès au code de la route(Acosur), bus autonome et handicap (Star), Surdyn : accès aux informations d'urgence et de perturbation. Deux moyens permettent d'informer les personnes sourdes et malentendantes sur les informations d'urgence et de perturbation survenant dans les gares : les messages en LSF (délivrés par un avatar), et l'utilisation d'icônes animés (pictogrammes), affichés sur des panneaux en gare. Ces deux moyens peuvent être utilisés en séquentiel ou en simultané. L'utilisation en simultané, pictogramme suggestif plus LSF, conduit à un meilleur résultat de compréhension. Les extensions prévues sont sur smartphone (on duplique ce qui est indiqué sur les panneaux)... et ceci peut concerner tout le monde, et dans les aéroports. Acosur : accès au code de la route et surdité. Des pays (dont la France depuis 1959) permettent aux sourds de conduire et leur accidentologie n'est pas plus élevée que celle de la population normale. Jusqu'à 2005, ils devaient avoir un examen médical poussé pour pouvoir accéder à la conduite. Mais l'obtention de l'examen du code de la route est problématique. Le code de la route s'est bien complexifié : il y avait 5 pages et 10 articles en 1905, et maintenant il y a plusieurs volumes et des milliers d'articles. Les difficultés en Français rencontrées par un grand nombre de sourds rend l'accès à cet examen difficile. Les documents d'apprentissage reposent majoritairement sur de l'écrit et sur des situations de conduite statiques (diapo de scènes routières). Ce matériel n'est pas accessible à cette population d'où l'idée de développer un matériel d'apprentissage plus dynamique qui rende compte par exemple de situations qui nécessitent des prises de décision (dépasser ou pas, passer à un carrefour ou attendre...) à l'aide d'outils numériques (vidéo 3D). Cela permet de rendre compte des relations espace, vitesse, temps. Les résultats d'expérimentations montrent que les animations 3D permettent de favoriser la compréhension des candidats sur ces éléments à propos de différentes situations : arrivée à un giratoire, s'insérer sur une voie rapide... On propose un stop sur image et le sujet indique s'il passe ou pas. Ces applications peuvent s'étendre à tous les « DYS » (lexique, phasique, praxique...) et aux personnes qui maîtrisent mal le français (étrangers) voire à tout le monde. Ceci est à tester dans les auto-écoles en général. Star : Ce projet concerne la construction d'un bus autonome, sans pilote, de 12 mètres, pouvant contenir 110 personnes et roulant à 40 km/h. Ceci est une extension de la « navette de la confluence » à Lyon, qui conduit 12 personnes à 20 km/h, sans pilote. Les premières applications sont prévues en zones closes (aéroports, entreprises). Le laboratoire intervient pour identifier les besoins des voyageurs à besoins spécifiques, de manière à intégrer le plus en amont possible dans la construction ces spécifications (besoins d'accessibilité physique, d'informations d'urgence dans des modes visuel et auditif à destination des usagers sourds ou malvoyants).