Quoique relevant d’esthétiques et de projets cinématographiques différents, Days of Heaven, Heaven’s Gate et Matewan, réalisés entre 1978 et 1987, se rejoignent dans l’interrogation commune des origines à la fois d’un projet et d’un imaginaire proprement américains, déclinés sur le mode lyrique, épique, ou politique. Sans commune mesure de budget, de conditions de réalisation et de production, les trois films s’inscrivent néanmoins dans une même opération esthétique et intellectuelle de réappropriation d’un imaginaire américain de la pastorale, qui passe également par une révision et un feuilletage des grands imaginaires américains, tant picturaux, littéraires que cinématographiques : l’héritage artistique, culturel, historique et générique en constitue le matériau fondamental, pour une réflexion en images, sur l’image, et à l’image sur un idéal dont la pastorale fut longtemps la figure de proue, austère et sublimé à la fois. L’article entend revenir sur ce travail de réflexion imaginaire que proposent les trois films, par lequel un héritage pictural et littéraire se trouve réinvesti dans une recomposition des genres ou du mode de représentation par l’image, interrogeant la visée du médium cinématographique.