Le huis clos ou l'exaltation du localisme communautaire dans les séries américaines Gérald Billard, Université de Rouen Arnaud Brennetot, Université de Rouen Les processus d'identification sociale contiennent une forte composante territoriale. Aux États-Unis, l'imaginaire collectif continue à s'imprégner de mythes géographiques hérités : le Nouveau Monde, la Wilderness, la Frontière ou le Far West. Les médias audiovisuels s'emparent souvent de ces stéréotypes spatiaux pour mettre en scène et interroger, de façon métaphorique, l'actualité de la territorialité américaine. Les nouvelles séries proposées par les grands networks contribuent aujourd'hui à enrichir ce processus. Les lieux dans lesquels se déroule l'action de ces programmes jouent rarement le rôle d'un simple décor. Dans bien des cas, ils participent également au développement de la trame narrative. Certains dispositifs spatiaux reviennent d'ailleurs de façon récurrente. Plusieurs séries se déroulent ainsi dans un huis clos. C'est le cas, par exemple, de séries comme Deadwood, Desperate Housewives, Friday Night Lights, Jericho, Lost ou Prison Break. Les scènes se tiennent, pour la plupart, à l'intérieur d'un espace restreint, formant un isolat lui-même situé au sein d'un ensemble territorial plus vaste. L'essentiel de l'intrigue s'inscrit dans cette unité de lieu, souvent de faible superficie. À l'inverse d'un monde fluide et ouvert, le confinement spatial densifie et exacerbe les relations entre les personnages. Par les limites géographiques qu'il impose aux héros, le huis clos participe au resserrement des liens sociaux, eux-mêmes générateurs d'une appropriation plus intense du territoire.