Notre objectif était de confronter des spécialistes de la voix à deux formes simultanées de variations par rapport à une représentation « normative » de la parole notamment en mesurant l'influence de l'accent régional dans la perception des troubles de la voix et de la parole. 30 locuteurs ont été sélectionnés sur de la lecture de texte : 15 avec un accent méridional marqué, 15 sans accent marqué. Chaque groupe était composé de 5 locuteur dysphoniques, 5 locuteur dysarthriques et 5 locuteurs « sains ». Nous avons fait écouter ce corpus de façon aveugle et aléatoire à un jury d'écoute composé de 11 experts en évaluation vocale appartenant à différentes villes de France : Marseille (4), Lyon (3), Besançon (3) et Paris (1). La tâche était de classer les voix sur 4 niveaux (0 = normal, 3= dysfonctionnement sévère) selon quatre dimensions : (a) phonation, (b) articulation, (c) prosodie, (d) nasalité. Au niveau phonatoire, la dysphonie moyenne ou sévère est perçue de façon identique par les deux groupes d'auditeurs quels que soient les locuteurs. En revanche, l'absence ou la présence légère de dysphonie est jugée différemment : les locuteurs méridionaux non dysphoniques sont perçus dysphoniques par les auditeurs non familiers, ce qu'on peut interpréter comme une interférence perceptive aux alentours de la frontière anormalité-normalité. Contrairement aux éléments d'enquête qui ont précédé le travail expérimental et qui laissaient apparaitre une « banalisation » de l'accent régional dans la prise en charge des troubles de la voix et de la parole, nos résultats montrent que cette forme de variation interfère avec la perception du dysfonctionnement.