Outre la visée apparente d’étudier les diverses stratégies d’écriture qui participent à créer dans le tissu romanesque l’espace du « discours intérieur » (discours immédiat, discours indirect libre ou, à un niveau moins limité formellement, écriture du « courant de conscience », « écriture courante » chez M. Duras, etc.), la réflexion menée dans l'ouvrage de T. V. Balachova nous invite à penser la stratification des modalités discursives chez les auteurs contemporains en termes de perméabilité de la voix narrative à celles des autres, et à considérer ces procédés dans leur lien indélébile avec ce que l’on peut désigner, à la suite de Tiphaine Samoyault, par la formule « la mémoire du présent ». Dans les « grandes œuvres », dont celles qui forment le corpus de la présente étude, l’écriture de l’intime se trouve en effet sans cesse en prise avec le réel.