Absence de diminution de l'usage des pesticides en France sur les grandes cultures suite au plan Écophyto
Résumé
L’application fréquente de pesticides par les agriculteurs pour limiter les pertes de rendement dues aux
mauvaises herbes, aux ravageurs et aux maladies, génère des externalités négatives sur la biodiversité, la
santé humaine et la qualité de l'eau. En 2008, le gouvernement français a adopté un plan politique d'action
pour l'environnement, "Ecophyto 2018", qui visait à réduire de moitié l'utilisation des pesticides en 10
ans. Cette étude analyse les tendances de trois indicateurs d'intensité des ventes et d'utilisation des
pesticides en France : le NOmbre de Doses Unités (NODU), la Quantité de Substances Actives vendues
(QSA) et l'Indice de Fréquence de Traitement (IFT). L’objectif est (i) de vérifier si l'utilisation des
pesticides a diminué ou non depuis la mise en oeuvre de ce plan sur les sept principales cultures arables
françaises et (ii) d’évaluer l’évolution de la qualité de l’eau et des populations de vers de terre sur la
période concernée.
Les ventes de pesticides n’ont pas diminué à l'échelle nationale depuis 2008. Les seules diminutions
observées depuis 2001 sont les IFT sur le blé tendre et le tournesol. Ces baisses sont toutefois très faibles,
et l'utilisation des pesticides n'a pas diminué plus rapidement après 2006 qu'avant cette date. L'évolution
de l'utilisation des pesticides est variable entre les régions françaises et les différentes cultures. Les
données sur la pollution de l'eau montrent que celle-ci n'a pas diminué dans la période de temps
considérée. L'évolution de l'utilisation des pesticides permettrait une très légère augmentation des densités
de populations de vers de terre dans les parcelles cultivées en blé après 2006. Les raisons possibles de cet
échec du plan politique français de réduire l’utilisation des pesticides sont discutées à la lumière des plans
d'action des autres pays européens et de la législation européenne.