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Chapitre D'ouvrage Année : 2018

André Beucler : la fabrication d’une contre-affiche à l’idéologie nazie et à l’antisémitisme 

Résumé

Au cours de l’année 1935 Marianne publie une série d’articles d’André Beucler consacrée à La vie d’Adolf Hitler. Deux ans plus tard, paraîtra une version enrichie qui prend forme de livre et qui s’intitule L’Ascension d’Hitler. Du village autrichien au coup d’État de Munich. Beucler, après avoir passé quatre ans en Allemagne, rentre à Paris en 1934, étant « devenu indésirable » (Curatolo : 25) après la prise de pouvoir par les nazis. C’est notamment lors de ce séjour, en 1931, qu’il rencontre Hitler dont il donne la biographie, « enrichie d’une narration romanesque » (Richard : 18). Les articles de Marianne, tout comme le livre, sont accompagnés de plusieurs photos montrant Hitler parfois souriant ou enfant, ou encore dans sa posture de dictateur, ce qui donne une perspective graphique supplémentaire au narratif. Ce que nous proposons dans cette étude, c’est de montrer en premier lieu la dimension historique dans l’œuvre d’André Beucler, qui dès l’avènement du nazisme ne cesse d’alerter contre le danger de l’idéologie fasciste, contre l’antisémitisme, contre cette mentalité de ceux qui étaient dérangés de « l’encombrement israélite » (Beucler, Ascension d’Hitler : 185). Deuxièmement, nous voudrions faire le lien entre la représentation documentaire, historique et fictionnelle qui passe souvent par la voie de l’affiche, de l’enseigne, de la pancarte. L’omniprésence des « brochures hitlériennes » (24), des affiches, des enseignes électorales et officielles font entrevoir la portée de l’éducation idéologique latente qui devient une arme aux mains du dictateur : « D’autres soirs, le candidat malheureux à l’École des Beaux-Arts de Vienne s’attaquait aux enseignes, étendards et bannières de ses futures troupes » (177) et sur « un morceau de papier rouge, rouge comme les affiches » (177), mais aussi « rouge comme le sang », le dictateur dessine la croix gammée. La biographie romancée de Beucler montre dans quelle mesure les simples « affiches rouges » se métamorphosent en fin de compte en « drapeau », en étendard qui devient le pilier autour duquel se construit l’idéologie fasciste. C’est également à travers l’insertion de l’affiche-caricature de John Heartfield « Histoire naturelle allemande. Ebert. Hindenburg. Hitler » au sein de son article sur Hitler (Marianne, 22 mai 1935) que Beucler arrive à introduire d’une part l’histoire et de lui opposer, d’autre part, une sorte de contre-histoire ou contre-affiche. Cette image de Heartfield, qui construit souvent ses photomontages en utilisant les affiches électorales de Hitler dans le but d’une revendication critique, semble jouer un double sens dans la narration beuclerienne. La fonction des « affiches lacérées et [d]es inscriptions lapidaires » (Beucler, La fleur qui chante : 140) renvoie, dans la fiction de l’écrivain, à une identique représentation historique ou documentaire qui font appel aux slogans, aux « phrases aiguës » liées au politique, mais aussi et surtout à « l’homogénéité absolue de la langue » et à « l’uniformité de la parole » (Klemperer : 36).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01525441 , version 1 (20-05-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01525441 , version 1

Citer

Atinati Mamatsashvili. André Beucler : la fabrication d’une contre-affiche à l’idéologie nazie et à l’antisémitisme . Bruno Curatolo; Myriam Boucharenc André Beucler par voie d’affiche : littérature, cinéma, radio, publicité, Presses universitaires de Franche-Comté A paraître. ⟨hal-01525441⟩
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