Par la présente communication nous envisageons d’étudier l’œuvre de l’écrivain français André Chamson (1900-1984), plus précisément son roman Le Puits des miracles, composé sous l’Occupation, en 1942-1943. André Chamson fait partie de ces écrivains qualifiés de romanciers de la Résistance. Il refuse de publier pendant l’Occupation, sauf un chapitre de Puits des Miracles édité en 1944 sous son pseudonyme de maquis, Lauter, aux Éditions de Minuit, dans les Nouvelles chroniques. Le roman nous intéresse dans la mesure, où écrit au moment de l’Occupation, il met en lumière un monde totalitaire, dictatorial, en possession des « Tourinas », nom commun de ces hommes qui en ces temps sombres deviennent les maître de l’univers, alors que la justice tombe aux mains des tueurs de chiens qui, de leur part, se transforment en tueurs des hommes. Face à cette organisation sociétale, avec le vieux Pétain en tête, se trouvent les réfugiés, les émigrés, les Juifs, les enfants estropiés et les chiens, tous sujets à la persécution, disparition, tuerie. Dans cette conception du monde où le dominant se fait ce que Chamson appelle « une personnalité », un justicier, un « philanthrope » et organise non seulement la vie de l’Autre, mais réorganise les notions de vérité et de mensonge, rectifie le passé pour prendre possession de l’avenir (une référence à Orwell s’impose), les Otages de Jean Fautrier se posent en parallèle comme une cartographie de ce monde dé-possédé de soi-même, démoli et altéré.