Souvent définie en creux, comme une absence de déplacement un jour donné, l'immobilité est considérée comme une contrepartie logique de la mobilité quotidienne. Le mobility turn (ou tournant mobilitaire) issu des travaux de J. Urry tend même à faire de l'immobilité une forme de mobilité comme une autre, comme en témoignerait la mise en parenthèse du préfixe im-. Au-delà de ces considérations, l'immobilité quotidienne est aussi et souvent vue comme témoin ou marqueur d'inégalités sociales, une pratique de "dominés", ceux qui ne se déplacent pas étant souvent considérés comme plus isolés, voire exclus de la société, que ceux qui se déplacent. Pourtant, l'immobilité reste une grande inconnue dans la mesure où peu d'études s'y intéressent de façon spécifique. Au-delà d'une analyse en creux (un non déplacement) et de la mise en évidence de déterminants attendus (dépendance et handicap, inactivité, etc.), on ne sait pas grand-chose sur l'immobilité quotidienne. Ainsi, les liens entretenus avec les pratiques de déplacement des autres jours, celles d'autres personnes, voire des interactions plus virtuelles, et les pratiques d'immobilités sont moins investigués. Néanmoins, l'immobilité est loin d'être anecdotique. Même si mesurée sur une seule journée, l'immobilité n'est que de 15% en France. Une analyse sur plusieurs jours réÏle que près d'un tiers des individus connaissent un épisode d'immobilité au cours des cinq derniers jours ouvrés. Dans un autre pays et un autre contexte comme le Brésil, l'immobilité sur une seule journée concerne même 40% de la population. Dans ces conditions il parait pertinent de réinterroger les déterminants de l'immobilité pour comprendre ce phénomène social. Basée sur des réflexions tant théoriques qu'empiriques, la communication aura pour objectif de mieux cerner l'immobilité en tant que pratique à part entière et de voir en quoi elle constitue un marqueur d'inégalités socio-spatiales. La partie plus théorique s'appuiera sur une revue étendue et pluridisciplinaire de la littérature. La partie plus empirique mettra en perspective des résultats quantitatifs obtenus en France avec ceux de deux autres pays, le Royaume-Uni et le Brésil. L'analyse du terrain britannique permettra de réÎler les pratiques de mobilité des immobiles les autres jours de la semaine puisque cette enquête précise les déplacements des individus sur une période de sept jours. Le terrain brésilien offre une situation très contrastée par rapport aux deux autres terrains précédents. Outre la mise en évidence de la récurrence de certains déterminants de l'immobilité, cerner l'immobilité au Brésil nous aidera à porter un regard décentré sur la réalité française et européenne.