Les rivages français de la Manche et de l’Atlantique comptent un nombre très important de barrages en pierre de type « pêcheries » destinés à capturer les poissons lors du jusant. Ces engins de pêches fixes ont été utilisés depuis le Mésolithique et jusqu’au Moyen-âge en Europe. Sur les seules côtes de Bretagne, plus de 700 vestiges archéologiques de ce type ont été inventoriés à partir de prises de vue aériennes de l’IGN et de quelques prospections pédestres localisées. Toutefois, un travail récent mené dans l’archipel de Molène a montré que cet inventaire sous-estimait le nombre réel de structures, certaines d’entre elles n’ayant pu être détectées en raison d’une forte couverture algale ou d’une profondeur importante. Contrairement aux pêcheries en bois de Basse-Normandie, ces barrages ne livrent pas d’éléments ligneux qui permettent une attribution chronologique par le biais de méthodes de datation conventionnelles. Pour contourner ce problème, Daire et Langouët (2011) ont proposé une approche permettant de déduire l’âge de chaque vestige en les positionnant par rapport aux anciens niveaux marins relatifs. Cette tentative s’est néanmoins heurtée à deux principaux verrous méthodologiques : (i) l’absence de données fiables sur les niveaux marins holocènes dans la région, (ii) un positionnement altitudinal approximatif des structures sur l’estran. Toutefois, des recherches ont été menées ces dernières années afin d’affiner les courbes de remontée du niveau marin relatif pour les 8000 dernières années dans l’ouest de la Bretagne. En outre, plusieurs sources de données alti-bathymétriques peuvent désormais être mobilisées afin de détecter plus aisément les barrages en pierre et de les documenter de façon précise. Parmi elles, les données issues du programme Litto3D sont disponibles sur l’ensemble des côtes du Finistère. Cette étude a donc cherché à répondre à trois objectifs : (i) proposer un inventaire réactualisé des barrages de pêcheries du Finistère en testant, à partir des données Litto3D, diverses approches de détection semis automatiques ; (ii) affiner localement l’étude de ce type de vestiges par des campagnes de mesures bathymétriques au SMF ; (iii) proposer un cadre chronologique pour l’édification de ces structures. Notre inventaire recense plus d’une centaine de structures archéologiques inédites le long du littoral finistérien. L’utilisation conjointe de plusieurs traitements numériques appliqués aux Modèles Numériques de Terrain (insolation, pente, rugosité, local relief model) apparaît comme le moyen le plus approprié pour la détection de ces vestiges. Deux campagnes de mesures bathymétriques au SMF réalisées dans l’archipel de Molène en 2014 et aux alentours de l’île de Batz en 2016 renseignent sur les stratégies d’implantation de ces barrages. Enfin, l’attribution chronologique des vestiges met en évidence (i) l’ancienneté de certaines structures, remontant au tout début du Néolithique ancien, et (ii) leur disparition probable à la fin de l’âge du Bronze.