Entre les vallées de l'Ognon et du Breuchin, le fort justement nommé Plateau des Mille Étangs constitue un milieu naturel et humain original à bien des égards. Compartiment du vieux socle primaire, affaissé ici en touches de piano, il offre une topographie, qui, de la ligne de faîte dominant la vallée de la Moselle au Nord, s'incline doucement vers le Sud, en direction de la dépression sous-vosgienne à laquelle il se raccorde insensiblement entre Lure et Luxeuil. Érodé au cours des temps géologiques par de longues phases de planation, dont les plus anciennes traces appartiennent à la surface post-hercynienne exhumée en maints endroits de sa couverture sédimentaire secondaire, il présente une topographie de détail loin d'être uniforme. Par deux fois au moins les glaciers quaternaires (Mindel et Riss), venus par diffluence de la vallée de la Moselle (1 }, ont buriné sa surface et finement ciselé une topographie de fjeld, unique en France et que l'on ne trouve en Europe, mais à une toute autre échelle, que sur le bouclier fenno-scandien. La multiplication des dépressions, l'inorganisation du drainage et l'imperméabilité du matériel géologique, constitué au Nord par le granite des Ballons et au Sud par le complexe volcano-sédimentaire viséen, ont contribué à maintenir durant le post-glaciaire au moins (2) de nombreuses zones humides (Fig. 2).