Un des objectifs de l'étude écologique du programme de recherche DEBATS (Discussion sur les Effets du Bruit des Aéronefs Touchant la Santé) était de mettre en relation la mortalité par maladie cardiovasculaire (en particulier par infarctus du myocarde) des communes riveraines des aéroports français avec l'exposition moyenne de ces communes au bruit des avions. La zone d'étude comprend 161 communes situées à proximité de trois aéroports français : Paris-Charles de Gaulle, Lyon Saint-Exupéry et Toulouse-Blagnac. L'exposition moyenne au bruit des avions pondérée par la population a été calculée au niveau de chaque commune à partir des cartes de bruit établies par la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC). Le Centre d'épidémiologie des causes médicales de décès de l'Inserm a transmis à l'Ifsttar les données de mortalité de la période 2007-2010 qui ont été utilisées dans cette étude. Les facteurs pouvant avoir un effet sur la mortalité cardiovasculaire ont été pris en compte à l'échelle de chaque commune : proportion de femmes/hommes, âge, densité de population, défaveur sociale, mortalité par cancer du poumon (utilisée comme variable d'approximation de la consommation de tabac) et pollution de l'air. Une relation statistique significative a été mise en évidence entre l'exposition au bruit des avions et la mortalité par maladie cardiovasculaire (et en particulier par infarctus du myocarde). La mortalité s'aÏre en effet plus éleÎe dans les communes les plus exposées au bruit des avions que dans les communes moins exposées : pour des niveaux d'exposition au bruit des avions supérieurs à 45 dBA, une augmentation de 10 dBA des niveaux d'exposition sur une journée augmente le risque de mortalité par infarctus du myocarde de 28%. Ces associations ne sont pas atténuées lorsque la pollution de l'air est prise en compte. Il n'a par ailleurs pas été possible de savoir si ces associations pouvaient être, au moins pour une part, expliquées par l'exposition au bruit routier et/ou ferré des communes concernées, car des données homogènes et de bonne qualité ne sont actuellement pas disponibles pour les communes de la zone d'étude de DEBATS. L'étude écologique de DEBATS confirme ainsi les résultats de deux autres études européennes récentes (l'une à proximité de l'aéroport de Heathrow à Londres et l'autre aux alentours de l'ensemble des aéroports suisses) qui indiquent que les niveaux éleÎs d'exposition au bruit des avions sont associés avec la mortalité par maladie cardiovasculaire. Cependant, cette mortalité plus éleÎe dans les communes les plus exposées peut être liée au fait qu'il y ait davantage de personnes ayant des troubles cardiovasculaires préexistants ou des comportements à risque dans ces communes que dans les communes moins exposées. Par ailleurs, comme l'exposition au bruit a été moyennée à l'échelle de la commune, on ne peut pas savoir à quel niveau de bruit des avions chaque personne décédée a été réellement exposée. Il n'est donc pas possible d'inférer sans précautions ces résultats à l'échelle individuelle. C'est la raison pour laquelle une étude individuelle longitudinale a également été mise en place.