Cette étude participe à la compréhension des dynamiques d'occupation de deux sites archéologiques actuellement présents dans la plaine d'inondation distale de la Garonne maritime : le Castéra médiéval de Langoiran et l'agglomération protohistorique et antique d'Isle-Saint-Georges. Le premier est un castrum implanté au XIe s., " emmoté " le siècle suivant puis abandonné dans le courant du XIVe s. Le second est un habitat groupé du VIIIe s. a.C. au Ier s. p.C. ayant connu des phases de repli entre le IVe s. et le IIe s. a.C. Le fleuve pourrait avoir contribué à cette dynamique d'occupation par le risque (ou du moins la contrainte) qu'il engendre (crues, étiages), les milieux qu'il est susceptible de créer (zones humides) et sa nature dynamique (variabilité géomorphologique latérale, longitudinale, verticale et hydrologique). En outre, il est tout à fait envisageable que, durant l'occupation des sites, le fleuve présentait des caractéristiques hydrographiques (emplacement, nombre de chenaux) et hydrologiques (régime, débit) différentes de celles actuelles. Notre étude vise à éclairer ce contexte paléo-environnemental. Grâce à une approche hydrogéomorphologique mêlant données historiques, archéologiques, géo-morphologiques, géophysiques, sédimentologiques, biologiques et chronologiques, nous montrons que les sociétés se sont installées en bordure du fleuve (Isle-Saint-Georges) ou à proximité (Castéra de Langoiran) en profitant probablement des avantages (ressources vivrières, commerce) tirés de cette situation. À Isle-Saint-Georges, la contraction de l'habitat au Second âge du Fer concorde avec la fin de l'activité du pa-léochenal adjacent. À Langoiran, le site était bordé au XIIIe s. par une zone humide et et soumis à la fois au risque inondation et au risque d'érosion de la berge proximale. Ces contraintes physiques du milieu peuvent expliquer en partie la dynamique locale de l'habitat, qu'il reste à confronter avec les dynamiques socio-politiques régionales.