Hier comme aujourd'hui, pèlerins et touristes partagent une condition première : être étranger en terre, sinon inconnue, du moins en rupture avec l'ordinaire du cadre de vie. Dans le sanctuaire, ils suivent un autre comportement de base : la déambulation. Elle s'inscrit dans l'économie du spirituel pour les uns, et du loisir pour les autres. Mais la démarche pèlerine rejoint la visite touristique en glissant des moments culturels entre les attentes de dévotion. Aussi, qu'elle soit de l’ordre historique, artistique, religieuse ou un composé varié des trois, il y a l'intention commune de capter «la charge émotionnelle de la transcendance» par le corps en marche : autrement dit, ressentir «l'authenticité du lieu» côté touristes et, côté pèlerins, «ouvrir la parole» avec le divin pour guérir ou conjurer le malheur. L'étude se centre sur les fêtes et dévotions pendant «la Saint-Nicolas de printemps» (mai) à Bari qui mêlent pèlerins catholiques (Pouilles, Abruzzes) et orthodoxes (Russie, Balkans). Elle analyse, d'une part, en quoi la coupure travail-loisir (tourisme) renseigne sur la coupure du temps pèlerin dans les dévotions paroissiales ; et, d'autre part, le souci d'expérimenter le lieu où peut se saisir une réalité «Toute Autre» qui participe de l’identité personnelle et sociale de chaque individu qu'il soit touriste, pèlerin ou les deux à la fois.