« L'homme est un.[…] Le mutiler, le décomposer, en séparer les éléments afin de mieux le connaître, c'est faillir à toutes les règles de la logique.[…] C'est en quelque sorte reproduire le chaos pour comprendre la création. »1. Cette définition ontologique de l'homme traverse les préoccupations des sciences médicales du XIXème ; cependant, la médecine des neurologues fait face aux irréductibles mystères du psychisme et de l'organisme humain. Les échecs de la science positiviste face à cette zone d'ombre de l'esprit, inclassable et non localisable, furent fertiles. L'attrait pour le morbide fleurit et la maladie, comme corps mutilé ou esprit fragmenté, se garnit d'une signification nouvelle. L'homme ne se pense plus dans son universalité mais à travers le prisme de sa singularité, le savoir humain doit focaliser son optique dans le fragment, dans l'étude d'une souffrance particulière, dans l'observation d'un cas. Double morcellement ; en abandonnant l'idée d'homogénéité et d'harmonie dans la conscience de son être, l'homme se détache aussi d'une norme extérieure. Héritée des Romantiques, cette revendication individualiste se retrouve centrale. Les écrivains furent plus prompts que les médecins à se rendre compte qu'« un original n'est "pas toujours" un cas particulier et une mise à part, mais, au contraire, il arrive que ce soit lui […] qui porte en lui cette espèce de noyau du grand tout, et que les gens de son époque –[…] pour un temps, ce grand tout, ils s'en sont détachés... »2. L'oeuvre de Villiers de l'Isle-Adam, grand contempteur de la norme, permit de placer au centre la déviance. Dans une compréhension interdisciplinaire avec les sciences médicales, la lecture des contes Le désir d'être un homme, Le convive des dernières fêtes et Duke of portland3 nous permettra de questionner, dans cette course effrénée pour éclairer ce morceau d'esprit, une plume qui, à l'ombre des scalpels, essaya de définir ce chaos inhérent à l'homme.