En France, l’histoire des formations au design est intimement liée à l’évolution du monde industriel. D’ailleurs, l’enseignement du design a été, dès le milieu du XVIIIe siècle, un enseignement du dessin dédié aux artisans, réalisateurs d’objets matériels plus ou moins techniques. Puis, cet enseignement a dû s’adapter aux bouleversements de la division du travail, imposée par les manufactures et les industries. L’artisan n’a plus été l’interlocuteur principal. Les chefs d’atelier et les ingénieurs, dont les formations sont apparues au même moment, ont été très vite les cibles privilégiées de la sensibilisation à la dimension artistique de la conception d’objets. L’enseignement des arts appliqués s’est développé à partir d’objectifs divergents. Les expositions universelles ont brusqué les choses, mais les enjeux économiques forts n’ont pas suffi à mettre en oeuvre une politique claire. Les changements de régime incessants n’ont pas permis de clarifier la situation, au contraire. Avant d’être appliqués à l’industrie, les arts ont été « industriels » pour les démarquer de la peinture, de la sculpture, de l’architecture. Ils ont été « utiles », « décoratifs », « mécaniques », etc. Les écoles qui ont pris en charge les formations aux arts appliqués, ont suivi la confusion ambiante et n’ont que difficilement tiré parti de la richesse des débats engagés. Ce chapitre tente d’apporter quelques éclairages sur trois aspects fondamentaux de l’enseignement du design, en France, aujourd’hui. Le premier de ces aspects concerne le débat sémantique entre art et technique et, plus précisément, entre art et industrie. Lorsque les deux substantifs sont accolés pour créer l’« art industriel », il convient de se pencher sur les raisons qui expliquent la genèse puis la disparition de ce concept.