RESUME L'Université est une institution dont les missions sont de produire les savoirs à enseigner au travers de sa recherche, de produire également la réflexion sur les conditions de validité de ces recherches, et de les enseigner au travers d'un corpus de connaissances et de dispositifs, enseignement visant à préparer l'intégration socio-professionnelle des étudiants. Les ingénieries de formation s'y trouvent révélatrices du rapport au savoir de l'université et de ses universitaires, que l'alternance vient en partie bousculer. En s'interrogeant sur le statut de l'alternance à l'Université, ce sont donc bien toutes ces spécificités de l'alternance qui se trouvent concernées, et que je vais tenter d'explorer. Cette exploration s'appuie sur une dizaine d'années d'expérience personnelle en tant qu'enseignant-chercheur dans des cursus universitaires que l'on peut référer à l'alternance, qui feront ici l'objet d'une investigation de type clinique, et sur quelques travaux antérieurs qui s'inscrivent dans cette problématique. Cette réflexion s'attache enfin à montrer en quoi l'alternance peut avoir un statut de paradigme, et contribuer ainsi à un renouvellement des références méthodologiques et épistémologiques des connaissances scientifiques, et donc à la production de savoirs nouveaux. I-L'UNIVERSITE : PRODUIRE DES SAVOIRS ET ENSEIGNER, MODELES EPISTEMOLOGIQUES IMPLICITES L'université est le lieu où s'élaborent et s'enseignent les savoirs, ce que signifie le statut d'enseignant-chercheur. Un certain nombre de disciplines, qui réfèrent à ce que l'on nomme les sciences dures, ou exactes (avec tout de même de plus en plus de difficultés à assumer épistémologiquement ce terme), ont construit leurs ingénieries pédagogiques sur 1