Du concept d’improvisation à la pratique de l’improvisation libre
Résumé
My endeavor in this paper is to show that the very concept of improvisation – which emerges as composition’s “other” in the beginning of the 19th century – had a regulatory function in the constitution of the practice of free improvisation, sometimes defined by the musicians themselves as a form of “pure” improvisation. I show that the fact that the concept of improvisation relates both to manners of action and to an artistic practice contributes to shape an axiology which merge aesthetic and ethical values; this results in the permanent fluctuation between aesthetic characterization (of the improvised production) and ethical characterization (of the improviser’s behavior) that underlies both the critical discourse on free improvisation and the musicians’ improvisatory practices themselves.
Cet article poursuit un double objectif : tenter de démêler les différentes strates qui composent le concept d’improvisation tel qu’il se cristallise au cours du XIXème siècle pour ensuite établir le rôle régulateur joué par ce concept dans le modelage de la pratique de l’improvisation libre – dès lors que celle-ci est précisément pensée par ses acteurs comme improvisation « pure ». Nous montrerons notamment qu’au concept d’improvisation, qui superpose un concept d’action et un ensemble de valeurs esthétiques associées de manière privilégiée à une certaine pratique artistique, répond une axiologie qui réunit sous un ensemble commun valeurs esthétiques et éthiques, autorisant ainsi l’oscillation entre caractérisation esthétique du produit de l’improvisation et caractérisation éthique du comportement de l’improvisateur qui est si caractéristique des discours qui entourent le monde de l’improvisation libre.