Dans le contexte actuel de globalisation, les entreprises d’aide au développement constituent une part croissante des mécanismes de gestion des populations. Dans le domaine de la santé, quels sont alors les impacts de ces nouveaux acteurs sur les processus de formulation et d’application des politiques de santé publique ? Nous avons exploré cette problématique à travers l’étude de la mise en place de programmes de contrôle de la tuberculose en Géorgie. S’appuyant sur des observations participantes de longue durée (6 mois) et plusieurs dizaines d’entretiens, ce travail a d’abord mis au jour la complexité des déterminants en jeu. Des logiques financières, de pouvoir, de souveraineté et idéologiques ont constitué des influences déterminantes dans l’établissement de cette politique. Mais cette étude a également dégagé un élément crucial dans les processus de construction des politiques sanitaires qui nous a conduit à introduire la notion de « dispositif des épidémies ». Dans les différents espaces où opèrent les acteurs, les recommandations et logiques internationales doivent composées avec des formes matérielles locales (niveau de létalité et de contagiosité de la maladie, mode de contagion, existence d’outils diagnostiques et thérapeutiques, etc.). Cette interaction détermine les espaces de formulation des politiques sanitaires.