Intégrer les théories biopsychosociales du vieillissement de la conception jusqu’à l’usage d’une technologie.
Résumé
Le vieillissement est un processus différentiel et multifactoriel (Timiras, 1997) dont la signification n’est pas que biologique mais aussi socialement déterminée (Ennuyer, 2011). La pertinence d’intégrer les aspects biopsychosociaux du vieillissement dans une dynamique interprofessionnelle (Mourey & Outata, 2005) se défend pour la prise en charge des aînés et pour la recherche (Hébert, 1990). L’objectif de cette présentation est de justifier l’importance de chacun des axes disciplinaires biologiques, psychologiques et sociologiques du vieillissement pour la conception d’une technologie (Picard, 2011) jusqu’au processus d’appropriation par les utilisateurs (Rabardel, 1995; Bobillier Chaumon, 2013). Cette démonstration s’appuie sur une gérontechnologie développée au laboratoire DOMUS (Université de Sherbrooke, Québec): le calendrier électronique tactile AMELIS (Alzheimer Mémoire et LIens Sociaux). Les aspects biologiques apparaissent dans les modalités d’interaction avec l’écran tactile. La vue et le toucher sont sollicités, or, ces systèmes subissent des diminutions fonctionnelles liées au vieillissement (Saxon & al., 2009; Fenske & Lober, 1986). Sur le plan cognitif, comprendre les transformations de la mémoire (Luo & Craik, 2008) avec ou sans pathologie est nécessaire à la conception et l’anticipation d’éventuelles difficultés d’usage d’AMELIS. Le vieillissement n’étant pas qu’un processus intra-individuel mais aussi une expérience identitaire et relationnelle ancrée dans un contexte social (Caradec, 2001), l’économie d’une réflexion sociologique en lien avec l’usage d’une nouvelle technologie ne peut être faite. Concernant l’utilisation effective du calendrier, les aspects biopsychosociaux représentent deux intérêts nouveaux. Ils fournissent des catégories d’objectifs pour maximiser l’utilité réelle de la technologie. Les objectifs d’AMELIS illustrent cette tridimensionnalité en visant : une utilisation simple, le soutien de la mémoire et le maintien du lien social (Deschenaux & Pigot, 2009). Enfin, ces aspects constituent des facteurs d’appropriation et d’acceptation de la technologie.