La formulation du sujet proposé au programme d’agrégation cette année : « Echos picaresques dans le roman du XXe siècle » suggère clairement une certaine réticence à l’idée d’exporter la catégorie littéraire du picaresque au XXe siècle, soit hors des limites historiques définies par certains spécialistes. Généralement, la forme est institutionnalisée à partir des trois récits canoniques qui ont donné lieu à la publication de "Romans picaresques espagnols" dans la « Bibliothèque de La Pléiade » en France, volume qui regroupe "La Vida de Lazarillo de Tormes", récit anonyme que l’on date approximativement (1553-1554 ?), "Vida de Guzmán de Alfarache" de Mateo Alemán (1599) et "Historia de la vida del buscón llamado Don Pablos" (traduit par Maurice Molho sous le titre : "La Vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et miroir des filous") de Francisco de Quevedo (1626). Même si Maurice Molho, en introduction à ce volume, ainsi que Didier Souiller, dans "Le roman picaresque", son excellente synthèse, s'accordent à reconnaître le caractère plastique et extrêmement malléable du picaresque, tous deux limitent cependant sa pertinence dans le temps. Le présent volume s'attache à montrer la continuité de la veine picaresque dans trois romans du XXe siècle : "Voyage au bout de la nuit" de L-F. Céline, "Invisible Man" de Ralph Ellison et "Le Tambour" de G. Grass.