La notion de compétence collective soulève de nombreux débats et paradoxes, à la fois évidence, lorsque l’on constate que les capacités opérationnelles mises en œuvre par un collectif donné ne se limitent pas et ne se déduisent pas de la somme des capacités individuelles des membres de ce collectif, et énigme, lorsque l’on se trouve démuni pour la décrire, la répertorier ou l’évaluer. Cet article examine les effets produits sur la compétence collective par une instrumentation de gestion dont l’un des objectifs est de développer des processus d’apprentissage à différents niveaux. Il s’appuie d’un point de vue empirique sur une étude de cas, l’entreprise AUTO, qui a fait le choix d’implémenter les méthodes de gestion inspirées du Lean. Sur le plan théorique, il mobilise les théories de l’activité, dont l’intérêt est de permettre de lier analytiquement activité, instrument de gestion et production de compétence collective. Les résultats montrent que la médiation jouée par les instruments de gestion ne conduit à la production de compétence collective que sous certaines conditions : le système d’activité doit laisser suffisamment de marges d’interprétation aux différents acteurs, les règles d’incitation individuelles doivent être construites en cohérence avec le fonctionnement structurel du système d’activité, et il faut accorder toute son importance au rôle de pilote de la compétence collective que doit jouer le manager de proximité.