Un geste de pointage crée un triangle référentiel entrel‘individu émetteur du geste, l‘objet pointé et l‘individu destinataire de ce geste. Le pointage a longtemps été considéré comme spécifique à l‘espèce humaine. Cependant, des chimpanzés captifs le produisent spontanément et il peut être appris par différentes espèces de primates non humains. Notre étude a pour objectif de déterminer si les primates non humains qui ont appris ce geste l‘émettent de manière conditionnée, à travers un processus de renforcement positif, ou bien s‘ils comprennent la fonction communicative du pointage en tant que mécanisme permettant de manipuler l‘attention d‘un partenaire. Pour cela, nous avons testé des babouins olive et des macaques de tonkean dans un même dispositif expérimental. Lors des expériences, les sujets sont face à une récompense alimentaire hors de leur portée dans trois situations différentes, dépendantes de l‘état attentionnel d‘un partenaire humain (PH) : (i) PH tourne le dos au sujet et ne peut pas accéder à la récompense, (ii) PH est face au sujet mais toujours hors de portée de la récompense, (iii) PH est face au sujet et peut atteindre la récompense. Dans chaque contexte, nous avons quantifié les différents comportements communicatifs émis. Nos résultats révèlent que les babouins et les macaques ajustent leurs comportements en fonction de l‘état attentionnel de l‘expérimentateur partenaire. Cela suggèrent qu‘ils émettent de manière intentionnelle le comportement de pointage précédemment appris et comprennent que leur partenaire doit leur faire face pour accéder à l‘information contenue dans leur geste de pointage.