Objectif : Si le bénéfice de la télédermatologie (TD) est partagé par les professionnels, dans un contexte de réduction budgétaire la pérennisation de ses modèles de financement est à l'étude en l'absence de tarification spécifique. Partant de l'hypothèse que les utilisateurs des réseaux sociaux sont potentiellement les utilisateurs/patients de la TD demain, notre objectif était d'évaluer leur connaissance et leur intérêt pour cette nouvelle activité médicale. Matériel et méthode : Diffusion d'un web questionnaire incluant pour chaque sondé : leurs caractéristiques, leur attitude face à un problème dermatologique, leur connaissance de la TD. La TD était définie par la demande d'avis spécialisé via un professionnel de santé alors que la e-dermatologie (ED) permettait une sollicitation directe pour un conseil sans prescription (images + renseignements). Le questionnaire était diffusé de manière virale en sollicitant initialement les membres d'un laboratoire de génie industriel (n = 8) sans lien avec le milieu médical. Seules les réponses des ≥ 18 ans étaient incluses. Les facteurs associés à un intérêt pour la TD ou la e-dermatologie étaient analyses en univarié, puis par régression logistique si p < 0,15. Résultats : Trois cent dix-neuf réponses ont été collectées en 1 semaine (âge moyen 42 ans ± 15, sex-ratio F/M 2,3). La première catégorie socioprofessionnelle représentée était cadre ou profession intellectuelle 57 %. Les sondés avaient un revenu moyen entre 2000–3000 € dans 60 % des cas. Trente-sept pour cent avaient des dépenses annuelles pour leur peau de 100–500 €, 43 % avait un dermatologue, 30 % n'avaient pas consulté depuis 5 ans. En cas de problème dermatologique, 8 % n'avaient rien fait, 44 % avaient vu un dermatologue, 52 % attendaient ≥ 15 jours pour consulter. Soixante et onze pour cent des sondés ne connaissaient pas la TD, 89 % se déclaraient intéressés en cas de besoin et avec un coût ≥ 25 € sans remboursement. Concernant ED, 81 % des sondés étaient intéressés pour savoir s'ils devaient consulter dans 59 % des cas, pour une information complémentaire 37 %, et de payer ≥ 25 € dans 54 % des cas. En analyse univariée les individus intéressés par la TD dépensaient significativement plus pour leur peau p = 0,028, et significativement plus intéressés à la ED ou prêts à payer pour TD et ED (p < 0,001). Pour la ED, on retrouvait significativement les mêmes associations, avec plus de cadres (p = 0,044). En multivarié, une association significative persistait entre intérêt pour ED et payer pour les 2 chez les individus intéressés par TD (p = 0,045, p = 0,030, p = 0,09). Discussion : Plus de 2/3 des cadres est inscrit sur les réseaux, ≥ 90 % ont une utilisation régulière d'Internet. Malgré une population d'étude biaisée par la méthode, il met en évidence dans une population cible et connectée un fort intérêt pour la TD/ED avec une acceptabilité à dépenser sans remboursement pour ce nouveau service notamment pour préparer une éventuelle visite chez le dermatologue.